Les Grands Ballets Canadiens de Montréal : Grande visite
Scène

Les Grands Ballets Canadiens de Montréal : Grande visite

Les Grands Ballets Canadiens de Montréal nous offrent Visite impromptue d’Ohad Naharin, un programme exceptionnel.

Souvenons-nous que l’été dernier, les GBCM avaient séduit le public du Théâtre de Verdure lors de la présentation de Minus One du chorégraphe israélien Ohad Naharin. L’expérience Naharin se reproduit cette année, au Théâtre Maisonneuve cette fois-ci, avec une soirée proposant un programme triple composé des pièces Kaamos, Arbos (présentées en première canadienne) et Perpetuum (déjà interprétée par les GBCM en 1996).

Lorsque nous avons rejoint le créateur de ces trois œuvres dansées, nous lui avons demandé s’il entretenait une relation particulièrement féconde avec la compagnie de ballet montréalaise. "Gradimir (directeur artistique des GBCM) et moi nous connaissons depuis plus de 15 ans, nous a-t-il répondu. C’est d’ailleurs quand il était directeur du Ballet du Grand théâtre de Genève que nous avons créé ensemble, en 1992, Perpetuum, l’une des œuvres au programme que propose maintenant les Grands Ballets…"

Perpetuum, sur une musique de Johann Strauss, est un ballet satirique inspiré de l’histoire quasi burlesque de Florence Foster Jenkins – une soprano du début du siècle dernier qui avait la particularité de chanter faux… Qu’ont en commun cette pièce et les deux autres qui font partie de la soirée? "Ces trois œuvres tirent leur vocabulaire chorégraphique de la même époque, explique le chorégraphe, c’est-à-dire le début du XXe siècle. Il y a un style, des images, des atmosphères qui renvoient à cette période. Aussi, pour les trois, les notions de plaisir et de sensualité sont centrales. Mais ces pièces sont néanmoins fort différentes, comme des jumeaux sont à la fois similaires sur le plan physique mais très différents sur le plan de la personnalité."

Kaamos, qui ouvre la soirée, nous plonge au cœur d’un univers futuriste, éclaté, ne nous laissant pour tous repères que des symboles, des sons, des mots et des gestes qui semblent nous parvenir des temps immémoriaux. Impression d’un vertige intemporelle! Tous comme pour Arbos, dont les mouvements sont l’incarnation spatiale de la musique d’Arvo Pärt. Empruntant au sacré, ce ballet explore le domaine viscéral des pulsions, de la passion et du désir.

Ohad Naharin a la réputation de pousser le ballet aux limites de l’audace. Comment amène-t-il les danseurs à le suivre sur ce terrain? "Je pense que les danseurs s’abandonnent à partir du moment où ils sentent beaucoup de respect à travers l’exigence. Cela, quand ils comprennent que je peux demander toute sorte de choses mais jamais leur manquer de respect ou leur demander de prendre des risques inutiles. Et puis, je les considère pour ce qu’ils sont fondamentalement. Je ne divise jamais les interprètes selon leurs spécialités techniques, mais plutôt selon leurs intuitions et leur capacité à s’éloigner parfois de ce qu’ils ont l’habitude de faire. Ils apprécient ça d’ailleurs… Par exemple, lors des séances de travail en studio, les danseurs doivent accepter de couvrir les miroirs (si fréquemment utilisés dans les classes techniques). Ensuite, ils doivent être prêts à se fondre complètement dans un ensemble. Exécuter une chorégraphie, pour moi, ce n’est pas qu’être au bon endroit au bon moment. Il s’agit plutôt de créer une texture, d’être explosif et doux à la fois; d’être dramatique mais pas mélodramatique."

C’est donc dire que pour s’aventurer vers des horizons moins conventionnels, en ballet, il faut certes de la témérité, mais tout de même de la rigueur, une certaine maturité artistique et beaucoup de détermination. Espérons que cette prochaine Visite… d’Ohad Naharin saura une fois de plus nous enchanter et nous faire découvrir la troupe montréalaise sous un nouveau jour.

Les 26 et 28 mai et du 2 au 4 juin
Au Théâtre Maisonneuve

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