Marc-André Coallier : Birdie!
Scène

Marc-André Coallier : Birdie!

À trois semaines du début de la saison, Marc-André Coallier nous a ouvert les portes de son théâtre, La Marjolaine. Une institution légendaire qu’il a décidé de sauver, ne pouvant se résigner à voir un pan de l’histoire du théâtre québécois se transformer en vieille grange abandonnée.

C’est par un petit dimanche frisquet que nous avons rendu visite à Marc-André Coallier, à Eastman. Aussitôt les salutations d’usage échangées, l’ancien animateur du Club des 100 watts nous emmène faire un tour du propriétaire, question de nous montrer les plus récentes rénovations de la place: le nouvel accès au balcon, la nouvelle salle pour les téléphonistes… Tout ça dans le silo fraîchement rénové et isolé, qui abrite la billetterie, et qui prenait l’eau l’été passé.

Tandis que son père, Jean-Pierre, s’affaire à fixer des bancs déplacés pour construire une meilleure inclinaison à la salle, nous nous dirigeons vers la Boîte à chansons Le Piano rouge. Le nom provient du piano laissé là par Claude Léveillée, qui a marqué l’histoire du théâtre en composant la musique de Doux Temps des amours, la toute première comédie musicale canadienne d’expression française. Une œuvre qui a infléchi le style de La Marjolaine.

Plusieurs autres artistes québécois ont pris part à l’histoire du théâtre: Jean-Louis Millette, Guy Sanche, Denise Pelletier, Albert Millaire, Andrée Lachapelle, Dorothée Berryman, Jean-Pierre Ferland, Diane Dufresne, François Cousineau, Marcel Leboeuf, Raymond Cloutier… On pourrait continuer ainsi pendant plusieurs lignes.

La propriétaire Marjolaine Hébert cherchait à vendre son théâtre depuis 1994, après l’avoir tenu à bout de bras durant 35 ans. En septembre 1995, après une saison sans spectacles, elle réussit à le louer aux Productions Jean-Bernard Hébert, qui passent le flambeau en 2001 en raison de frais fixes trop élevés. Des citoyens d’Eastman prennent la relève, mais sont contraints de laisser tomber après une seule saison. Le théâtre connaîtra donc une seconde saison sans activités à l’été 2003.

Marc-André Coallier s’est pointé à Eastman en septembre 2003. Il faisait beau, le vent balayait le foin devant la vieille grange… Le coup de foudre s’est produit. Après avoir obtenu un coup de pouce de la Caisse d’économie des artistes, il décide de se lancer, jouissant de circonstances idéales puisqu’en juin, il avait appris que le jeu questionnaire qu’il animait à Télé-Québec, Tous contre un, ne serait pas de retour à l’écran.

"La première année a été tought, concède-t-il. Mais cette année, ça devrait être rentable. Et l’an prochain, rentable avec profits!" Si les choses vont aussi bien, c’est en grande partie parce qu’il s’est adjoint l’appui de trois gros partenaires: BBBoom Relève – une entreprise de coaching sherbrookoise – le CLD Memphrémagog et Unibroue. "C’est grâce à ça que je peux me dire que si j’ai un certain nombre de spectateurs par soir, ça va être rentable."

GROS ÉTÉ EN PERSPECTIVE

L’été 2005 sera bien rempli à La Marjolaine: 50 représentations de Dix-Huit Trous pour quatre, 17 représentations des Nonnes, sans oublier la programmation de la boîte à chansons, qui accueillera François Cousineau, Mariette Croteau, Les Derniers Humains, Jean-François Groulx, Jean-François Beaupré et plusieurs autres.

Certains comédiens offriront leur tour de chant. Martine Francke chantera des textes de Prévert, Stéphan Côté interprétera Reggiani et Desjardins, Nathalie Coupal proposera des chansons espagnoles. Les soirs de représentations, la boîte à chansons sera animée par Sylvain Carufel, Sylvain Lambert, Jean-François Beaupré et par le Duo Torréfaction. Les dimanches après-midi, La Marjolaine présentera les Dimanches classiques, une formule de concerts gratuits sous la marquise, qui avait très bien fonctionné l’an dernier et qui permet à un autre type de public de découvrir l’endroit.

C’est Marc-André Coallier qui est derrière toute la programmation de La Marjolaine. Et cette année, en plus de toutes ses tâches, il joue un rôle dans la pièce Dix-Huit Trous pour quatre, où il partage l’affiche avec André Robitaille, Luc Senay et Stéphan Côté. "Ça n’a pas de bon sens! Le théâtre est encore trop précaire. C’est sûr que l’an prochain, je ne jouerai pas…" lance-t-il un peu découragé, mais heureux de pouvoir compter sur les services de sa précieuse directrice générale, Élise Fafard.

Le comédien dit avoir pris la décision de jouer sur un coup de tête, mais certains éléments l’ont convaincu de monter sur les planches. Sa conjointe, Anne Dorval, lui a rappelé qu’il serait intéressant pour lui de se verser un cachet de comédien. Son commanditaire était intéressé à le voir sur scène. Et les deux comédiens auxquels il avait pensé pour le rôle, Francis Reddy et Vincent Gratton, animent une émission en duo cet été à la télé. Il s’est donc dit: "Pourquoi pas?" Le voilà donc qui interprétera le rôle d’un "crosseur" dans cette pièce où quatre copains d’université se retrouvent pour une ronde de golf, 20 ans après avoir été séparés par la vie. "Mon personnage serait prêt à vendre sa mère pour une piastre!" dit le comédien. La pièce, jouée l’été dernier au Théâtre Piggery de North Hatley dans sa version originale anglaise, The Foursome, a été traduite par Serge Grenier, qui avait aussi traduit Les Nonnes.

Parlant des Nonnes, plusieurs raisons expliquent leur retour. "C’est un bon show, les droits m’appartiennent et je veux que ce show-là (le plus grand succès de l’histoire de La Marjolaine), soit présent pour la relance", explique Marc-André Collier. Après les représentations à Eastman, Les NonnesMarie-Michèle Desrosiers, Nathalie Coupal, Martine Francke, Diane Garneau et Pierre Potvin à la direction musicale – partiront en tournée à l’automne dans tout le Québec.

LES PROJETS

À travers tout ce qu’il a à accomplir au cours de l’été, Marc-André Coallier continue de penser à ce qu’il pourrait réaliser avec La Marjolaine. Déjà, la pièce et les artistes de la boîte à chansons sont choisis pour l’an prochain. Cela lui laissera un peu plus de temps pour développer des projets. Il imagine une Marjolaine qui fonctionnerait d’avril à novembre; des représentations scolaires en mai et en septembre; des nuits de poésie; une exposition qui relaterait l’histoire du théâtre; des festivals… Et surtout, un théâtre qui ferait partie intégrante des projets de la communauté d’Eastman. "Je veux une place qui roule, qui fonctionne. Je veux que le lieu serve en dehors de l’exploitation théâtrale…"

L’entrevue terminée, Marc-André Coallier retourne dans la salle pour s’enquérir des travaux. Il prend aussitôt des outils pour aider à perforer une brèche, qui permettra d’aligner ces satanés bancs.

Eh! Marc-André, il reste la photo à prendre…
Oups! S’cusez-moi!
Vous êtes pardonné, m’sieur le proprio!

Les Nonnes
Les samedis et dimanches à 16 h
Du 8 juin au 30 juillet

Dix-Huit Trous pour quatre
Du 16 juin au 3 septembre à 20 h