Marie Brassard : Mondes parallèles
Scène

Marie Brassard : Mondes parallèles

Marie Brassard présente au FTA son nouveau solo Peepshow. Une création à travers laquelle elle livre des fragments d’intimité.

Quatre ans après la création de son premier solo Jimmy, créature de rêve, Marie Brassard revient au FTA avec Peepshow, une pièce au titre plutôt évocateur. "Je trouve tout d’abord intéressante la configuration d’un peep-show, explique-t-elle. C’est-à-dire ce lieu central où il y a quelque chose qui se déroule alors que des gens en périphérie sont invités à assister à un petit extrait. Je me suis mise à méditer sur ce contexte-là: avoir accès pour un très court laps de temps à quelque chose de privé."

L’artiste, dont la solitude est le sujet de prédilection, s’est intéressée à la physique quantique. "Il y a des théories qui évoquent la possibilité qu’il y ait des mondes parallèles au nôtre, invisibles, et révélés seulement en cas d’accident. J’y ai vu une métaphore de l’amour, relate l’artiste. Nous sommes des êtres fondamentalement seuls qui évoluons dans des corridors parallèles. Mais nous frappons soudainement quelqu’un, comme dans un accident de voiture, et nous avons ainsi accès à son monde qui nous était invisible. C’est la rencontre amoureuse."

Dans la continuité de ses précédentes créations, l’actrice se prête encore au jeu de la métamorphose (devrait-on dire l’anamorphose?), interprétant cette fois une galerie de personnages. "Le spectacle débute avec une très jeune femme convaincue qu’il y a sûrement des portes qui mènent vers des mondes insoupçonnés. Mais je n’ai pas voulu faire une histoire avec une trame narrative, il y a des boucles qui ne sont pas bouclées. C’est davantage une série de petites histoires qui impliquent parfois les mêmes personnages. On y retrouve des gens âgés, des adultes, des femmes et hommes de toutes orientations sexuelles qui vont se rencontrer entre eux. C’est l’histoire de ces moments qu’ils vont passer ensemble. Et le public n’aura accès qu’à de petits extraits. Une histoire s’ouvre, on en entend un petit bout et puis elle se referme. Alors une autre histoire s’ouvre."

POUVOIR INTIME

Transformant ses réflexions personnelles en véritables œuvres artistiques, Marie Brassard permet une communion hors du commun, établissant avec le public un lien privilégié. Ce rapport d’intimité, elle l’accentuera encore ici par une immersion collective dans un environnement sonore avec la collaboration d’Alexander MacSween. "La musique ou encore le rythme rejoignent tous les être humains car avant même de voir, nous avons entendu. Voilà peut-être pourquoi l’impact est si fort, explique-t-elle. Alexander et moi essayons de développer une sorte de langage, une scénographie sonore qui propose autant des personnages différents que des lieux différents."

Et cette fois-ci, Brassard pousse plus loin sa recherche technologique. "Il y a des gens qui sont encore rébarbatifs à l’utilisation de la technologie au théâtre, mais on peut avec elle développer des manières de communiquer ou d’évoquer qui vont nous surprendre", explique la créatrice en mentionnant l’apport esthétique indéniable du numérique au cinéma. "Au théâtre, il permet des contrepoints qui seraient sinon impossibles. Par exemple, le traitement de la voix humaine devient dans Peepshow de la musique et parfois même l’indication des états intérieurs du personnage. J’essaie aussi de mettre en scène la pensée, les différents rythmes que l’on entend quand on réfléchit, le chevauchement des idées. La technologie, sans être à l’avant-plan dans mes spectacles, me permet d’aller au-delà du réel, conclut Brassard. J’aime prouver qu’elle peut être poétique."

Du 30 mai au 2 juin
À l’Usine C

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