The Green : Lancer franc
Scène

The Green : Lancer franc

Avec The Green, Marianne Desjardins poursuit le métissage et livre un objet théâtral sportif à la Cinquième salle de la Place des Arts.

On se demandait bien comment Marianne Desjardins réussirait à nous surprendre de nouveau. Après la mise en espace interactive de La Traversée de l’Atlantique, elle signe à présent The Green, une habile métaphore de notre humanité par le biais d’un match sportif.

Dans une salle de théâtre convertie en stade, neuf "joueurs" se disputent une finale. Il y a la capitaine se vautrant dans ses avantages, le joueur vedette, l’attaquant timbré, le défenseur frustré; bref, tous y sont pour une chose: gagner. À travers une suite de positions rocambolesques, de portées inventives, de routines puisant dans des gestes souvent ridicules ou empruntés au quotidien, le match se déroule sous nos yeux ébahis. La structure est reconnaissable entre toutes, il s’agit bien d’un sport réglementé, avec ses attaques et ses défenses. Mais Desjardins réussit à en faire un ingénieux croisement où la danse contemporaine fraie avec une gestuelle connotée. La chorégraphie qui en résulte est aussi évocatrice qu’absurde.

À cet aspect qui pourrait s’épuiser rapidement, la créatrice ajoute une théâtralité portant un éclairage plus social. Les mesquineries s’accumuleront au rythme des points adverses, illustrant ainsi l’inconstance du sentiment d’appartenance. La montée abrupte de violence générée par la compétition sportive y sera également traitée de façon jouissive. Desjardins ajoute au propos en demandant parfois aux acteurs de "tourner leur veste" afin de prendre la voix de meneuses de claque ou encore de supporters. Une façon efficace de démontrer qu’un mouvement collectif en nourrit un autre. À ce sujet, notons la force de frappe d’une meneuse de claque sombrant dans la cruauté ou dans la vulgarité pour séduire la foule. Desjardins poursuit sa réflexion sur le rapport scène/salle en permettant au public d’influer directement sur l’énergie des joueurs par leurs encouragements ou leurs sifflements de mécontentement. Un effet indiscutable si l’on se fie à la représentation de vendredi dernier. Bref, un audacieux petit laboratoire à ne pas rater.

En supplémentaires les 26 et 27 mai
À la Cinquième salle de la Place des Arts

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