Frédéric Dubois – Vie et mort du Roi boiteux : C'est la fête
Scène

Frédéric Dubois – Vie et mort du Roi boiteux : C’est la fête

Frédéric Dubois, ces jours-ci, retrouve son équipe de Vie et mort du Roi boiteux. Présentée l’été dernier, la production du Théâtre des Fonds de Tiroirs nous revient aux Théâtres  d’Ailleurs.

Saga de 15 heures à sa création en 1981, morceau mythique du théâtre québécois par sa multitude de personnages, la richesse de ses références historiques, culturelles, son texte aux tons divers, Vie et mort du Roi boiteux de Jean-Pierre Ronfard n’avait jamais été reprise. Le TFT en présentait, l’été dernier, une version remaniée, réduite à 8 heures, avec un enthousiasme jubilatoire.

Racontant l’histoire de deux familles ennemies, les Roberge et les Ragone, en lutte pour le pouvoir, la pièce va d’une ruelle de Montréal au désert de l’Azerbaïdjan, de l’enfance des personnages jusqu’à leur mort, de la comédie à la tragédie, en passant par l’épopée, et enfin, du quotidien à la pure célébration de l’imaginaire.

"Déménagé" cette année au Périscope, le spectacle en explorera les différents espaces, intérieurs et extérieurs. "On va investir le théâtre complètement, invitant, par moments, le public à se déplacer, à suivre le parcours des personnages, explique Frédéric Dubois. Si ce spectacle vit longtemps – on l’espère -, il va devoir s’adapter à des lieux différents. On veut en faire un spectacle libre."

Le metteur en scène retrouve, avec ses comédiens, une production qui, depuis l’an dernier, a mûri. "Il y a une aisance nouvelle, plus de liberté, plus de finesse aussi. On sent que les personnages ont pris de la maturité." Il redécouvre, aussi, la force du texte de Ronfard. "Le texte est tellement solide, clair, précis: à partir du moment où tu joues la situation, ça vit tout seul. Ce texte-là, quand t’essayes de le dépasser, de trop l’interpréter, ça survit pas. C’est vraiment une leçon d’humilité, une grande leçon de théâtre pour un acteur et pour un metteur en scène. Parce que vraiment, notre travail, c’est de nous mettre au service du texte, pour que la vie s’installe naturellement. C’est vraiment magnifique. Tout ce que j’ai à faire, c’est d’éclairer ça, et de m’assurer de la justesse et de la vérité de chaque chose." De cette pièce riche, foisonnante, ressort, encore et toujours, "la fête: la rencontre, le plaisir, l’événement".

Oser cette grande aventure, pour les artistes, est un événement marquant. "Ça a changé ma vie; je sens que ça a aussi provoqué beaucoup de choses chez tout le monde dans l’équipe. Depuis Le Roi boiteux, je travaille différemment. J’ai vraiment l’impression, maintenant, de célébrer la vie par le théâtre, plutôt que le théâtre par le théâtre. Il me semble que j’ai appris quelque chose de très important, que maintenant, je peux prendre possession des choses avec plus d’humilité et de simplicité."

Pour la compagnie et son directeur artistique, les projets bouillonnent, les succès s’accumulent. Au dernier Gala des Prix d’excellence des arts et de la culture, Frédéric Dubois recevait le Prix de la meilleure mise en scène pour cette pièce. "On travaille fort: c’est sûr que c’est très agréable de voir son travail reconnu. Mais j’essaye de pas trop m’énerver avec ça. Pour moi, ce qui est important, c’est que mes équipes – les comédiens, les concepteurs – soient heureuses. C’est le plus beau prix, je pense." À voir la folle tribu jouer Le Roi boiteux, aucun doute possible: le bonheur est là.

Du 2 au 5 juin
Au Théâtre Périscope

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