Le Théâtre I.N.K. : Road movie
Deux ans et deux Masques plus tard, le Théâtre I.N.K. remonte Les Apatrides dans le cadre du FTA. Rencontre avec l’auteure et comédienne Marilyn Perreault.
La pièce a connu un franc succès dès sa création. Tous y ont vu un travail peu commun sur la langue et une audace remarquable dans l’ensemble du projet, qui tient également du théâtre physique et acrobatique. Les Apatrides a d’ailleurs remporté le Masque de la révélation en plus de celui de la conception du décor (Émilie Prenoveau). "Comme c’était une première production, on a tout mis dedans, se souvient Marilyn Perreault. Personnellement, comme je n’avais jamais rien montré de mon travail avant cela, je n’avais coupé nulle part. Je voulais monter tous les morceaux rassemblés. La version présentée au FTA a subi de légères modifications, elle est un peu épurée. Ça revenait souvent dans les médias, cette remarque concernant des longueurs, donc j’ai écouté les commentaires et j’ai fait un travail en ce sens-là. Ce ne sont pas de gros changements, mais le rythme a évolué. Il y a même des scènes qui ont revêtu une autre sensibilité. Ces scènes étaient là et on les comprenait d’une manière. Maintenant, c’est avec un autre regard qu’on les aborde. On est encore plus satisfaits de cette version."
C’est l’histoire d’Elle et Lui. Surtout d’Elle, qui quitte en vélo volant une famille plutôt éclatée alors qu’elle n’est qu’une enfant ("On parle beaucoup d’un parcours initiatique, un road movie de vie!"). Par son histoire, on suit les étapes qui la conduisent à devenir une femme. Attirée et fascinée par le glauque et la petite laideur, elle croise en route un clochard et une prostituée avec qui elle se lie d’amitié. Sur son chemin, elle renoue aussi avec son frère adoptif, Il, un ex-homme-canon. "La pièce en tant qu’aventure a été aussi une sorte de parcours initiatique, mais on garde la naïveté du personnage principal. C’est une petite fille qui se présente comme ayant 7 ans, mais elle n’a pas réellement cet âge-là, on s’imagine plutôt qu’elle a peut-être 13-14 ans. C’est qu’elle brouille constamment les cartes afin de se permettre un peu d’enfance dans sa vie."
La trame évoque cette désillusion qui ponctue souvent le passage de l’enfance à l’adolescence. Mais Elle est aussi détachée, elle ne vit pas dans un monde réel. "Oui, il s’agit aussi de désillusion. Aujourd’hui, on parle sans arrêt sur des téléphones cellulaires, on peut se télécopier, se courrieller, on est accessibles d’une manière incroyable, mais au bout de tout ça, on est encore tout seul." C’est donc un regard sur ce monde qui évolue un peu à notre insu, où tout se développe de manière effrénée, "mais où il y a encore des gens qui se jettent sur les rails du métro". Une pièce dérangeante, dont la mise en scène de Marc Dumesnil font se croiser avec fluidité les problèmes de société et la magie, l’enchantement. "Bien qu’il soit remonté, qu’il ait été retouché, ce spectacle a gardé sa fraîcheur, sa tendresse, cet amour d’enfant un peu désaxé, un peu tout croche, qui refuse d’entrer dans la case. C’est un morceau de casse-tête qui n’est pas à sa place."
Du 5 au 8 juin
Au Studio Hydro-Québec du Monument-National
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