L'École nationale de cirque : Des pieds et des mains
Scène

L’École nationale de cirque : Des pieds et des mains

Les élèves de l’École nationale de cirque présentent leur spectacle de fin d’année. À la mise en scène: Howard Richard et Paula de Vasconcelos. Rencontre avec cette grande dame de la  scène.

"Là, je plonge dans un univers que je ne connaissais vraiment pas!" admet d’entrée de jeu Paula de Vasconcelos, cette grande dame de la scène ayant développé sa vision artistique surtout par le biais de la danse et du théâtre, disciplines qu’elle marie de manière remarquable. "Compte tenu que je ne connais pas le monde du cirque, je me suis dit que je l’aborderais le plus sobrement possible, avec une thématique toute simple: il faut dire qu’on n’a eu que quatre semaines pour monter le spectacle!" Mais avec le peu de temps dont tous disposaient, ils ont réussi à mettre en place un objet artistique intéressant, comme ils ont appris à travailler collectivement ("les circassiens s’entraînent, somme toute, de manière assez individuelle") pour monter un spectacle représentatif de leurs apprentissages, et qui s’inscrit en même temps de manière pertinente dans le monde du spectacle.

"J’ai créé des tableaux où j’ai pu apprivoiser le médium et, en même temps, mettre en valeur ces corps qui ne demandent qu’à bouger, qu’à performer." L’artiste qui a entamé sa création Trilogie de la Terre il y a environ deux ans se retrouve donc au beau milieu de son processus de créativité personnel, processus qu’elle doit, sinon mettre en veilleuse, du moins faire dévier suffisamment pour ouvrir une parenthèse lui permettant la création actuelle. "Mon prochain volet sera très axé sur la jeunesse, et là, je suis entourée de jeunes interprètes, ce qui est très nourrissant. C’est difficile de me détourner de mon travail en cours, mais lorsqu’on se distrait ainsi de ses habitudes, quand on est contraint de sortir de son propre univers, on apprend toujours quelque chose."

Ce qu’elle a appris, entre autres, ce sont les immenses possibilités du corps humain. Et bien qu’elle ne soit pas toujours convaincue que de pousser la "machine" à ce point pour le spectacle soit justifiable, elle demeure fascinée par les avenues qui lui échappaient et qu’elle pourrait peut-être explorer à nouveau. "Le directeur de l’école m’avait pourtant bien dit: n’oublie pas que ce qu’ils peuvent faire à l’endroit, ils peuvent le faire à l’envers (sur les mains)!"

"J’ai essayé de garder un peu de moi-même dans le spectacle, continue-t-elle, mais ce n’était pas la priorité. Il s’agissait de monter un spectacle sans imposer un concept trop complexe. La trame est donc simple: ça démarre dans un gymnase avec deux clowns, deux personnages qui veulent se refaire un corps, une vie, et différents personnages apparaissent. Tranquillement, l’univers se transforme et on tombe dans un rêve, celui d’un cirque où tous les personnages s’articulent et se mettent à exécuter des manœuvres compliquées. À travers ça, à un certain moment, on comprend que le gymnase est le rêve et le cirque, la réalité." Le spectacle est en fait un programme double qui réunit le même soir La Retardataire, mis en scène par Howard Richard et Le Gym. À part quelques éléments liants qui interfèrent dans chaque spectacle, il s’agit de deux moments singuliers qui ont été travaillés davantage en parallèle qu’ensemble. La Retardataire s’élabore également autour d’une thématique qui se rapporte à la situation réelle car on se retrouve au milieu d’une classe. Là, une jeune élève, dépourvue de rythme et de synchronisme, essaie de prendre sa place. Une année scolaire passe en accéléré dans cette partie du spectacle qui se termine par un bal. Un bal dans l’immense salle circulaire de la TOHU? L’effet risque d’être saisissant.

Du 2 au 12 juin
À la TOHU

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