Agnita : Théâtre pour horde de personnages
En écrivant Agnita, François Godin a décidé de ne pas se censurer et de créer une pièce à 17 personnages. Grâce au concours Douze en scène du Théâtre du Double Signe, l’auteur verra son texte prendre vie, malgré son imposante distribution.
Élise Giguère
Photo : Sylvain Dumais
Le concours Douze en scène a été créé par le Double Signe pour enrichir le répertoire des pièces à distribution nombreuse. Auteur et comédien, François Godin a vu son texte Agnita primé lors de l’édition 2003. Après une première mise en lecture l’année dernière, la pièce sera jouée du 8 au 11 juin au Théâtre Léonard-Saint-Laurent par un groupe de comédiens dirigés par Jacinthe Tremblay.
Agnita traite de façon métaphorique du passage de l’adolescence. Le titre n’est pas inspiré, comme on pourrait le croire, du prénom d’un personnage, mais plutôt d’un lieu, dont on ne sait ni s’il existe ni comment s’y rendre. Les thèmes de la pièce? Le besoin d’affranchissement et le besoin de se construire. L’œuvre débute de façon abrupte, alors qu’un des personnages, Théo, dit: "Voilà, c’est fait, j’ai tué mon père qui n’est pas mon père…"
"On a beau vouloir tuer ce qu’on a été, ça ne peut jamais être une réussite totale. Mais l’adolescence est un âge où on pense d’une manière absolue", analyse l’auteur. Brutale, la phrase inaugurale illustre donc le besoin de rupture, qui vient prendre plusieurs visages dans la pièce, dont celui de la découverte de la sexualité et du sentiment amoureux.
Tandis qu’il écrivait, l’auteur avait en tête des images et des noms de villages qu’il avait déjà visités lors d’un voyage en Roumanie. "Les enfants qui habitaient là-bas avaient une vitalité très forte, mais manquaient de tout." Parmi les villages visités, il y avait Agnita, qui a finalement inspiré le titre de sa pièce.
Le nombre
C’est sans se soucier du nombre de rôles que François Godin a commencé à écrire. "Je me suis dit: "Je me l’autorise une fois", confie-t-il. Je n’ai pas réussi à faire monter ce texte ailleurs. Y’a beaucoup de gens qui me disent l’apprécier, mais il faut trouver les budgets." Tous les personnages qu’il a imaginés ont à peu près le même âge. "J’avais envie d’une pièce où il y aurait un effet de chœur, de groupe." L’action est d’ailleurs ponctuée par les chants de la Horde, où les comédiens scandent des paroles en chœur.
Le créateur avoue qu’il lui arrive parfois de mettre certaines idées de côté pour avoir une chance d’être joué. "Des fois, je peux penser à des univers et reculer parce qu’il va y avoir trop de personnages. Je sais que les théâtres ne vont pas l’accueillir."
DU TEXTE À LA SCÈNE
François Godin – qui gagne aussi sa vie en faisant du doublage – n’a encore aucune idée de la lecture qu’a faite la metteure en scène Jacinthe Tremblay de son texte. Et cette perspective l’enchante. "C’est important de passer le relais, de laisser les artisans de la scène faire leur travail. Je vais sûrement avoir des surprises."
La distribution est composée de comédiens de chez nous, certains professionnels, d’autres amateurs: Érika Tremblay, Annie Goyer, Nicolas Saluzzo, Anna Beaupré-Moulounda, Jean-François Caron, Amélie Bergeron, André Gélineau, Ariane Bisson-McLernon, Luc Jolicoeur, Alexandre Leclerc, Philippe Leclerc, Isabelle Johnson, Ève-Marie Bouchard, Marie-Pier Labrecque-Dubreuil, Félix-Antoine Boutin, David Blais et René Delisle. Ces 12 acteurs interprètent 17 personnages, ce qui était réalisable en raison des rôles secondaires.
L’auteur considère qu’Agnita s’adresse autant au public adulte qu’adolescent. Présents tout au cours de la pièce, le désir d’affranchissement, le besoin de se renouveler et l’éveil de nouveaux sentiments demeurent des thèmes somme toute universels. D’autant plus que la pièce est écrite dans un langage très classique, et pas du tout truffé d’expressions d’ados.
LA FIN DU PRINTEMPS
Après huit semaines de représentations, le Printemps du Double Signe prendra fin le 12 juin avec la lecture publique du texte du gagnant de Douze en scène 2004: Devant les maîtres de Guy Beausoleil. Une pièce qui aborde le thème de l’art au moyen de l’humour et de la parodie. Au fait, avis aux auteurs qui veulent soumettre un texte pour l’édition 2005 du concours, c’est le temps de le faire: les textes doivent être déposés d’ici le 18 novembre.
Agnita
Du 8 au 11 juin
Au Théâtre Léonard-Saint-Laurent
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