Festival Fringe : Le goût du risque
Toujours aussi éclectique, le Festival Fringe de Montréal fête ses 15 ans et accueille de nouveau les performeurs de tout acabit et de tous horizons.
Le Fringe a le sens de l’aventure. C’est que ce festival d’expression libre bilingue a le mérite de placer tout art vivant au cœur même de l’entreprise. Créé en 1947 à Édimbourg, en Écosse, par de jeunes artistes se sentant exclus des programmations officielles de théâtre, le Festival Fringe (signifiant "festival en marge") a rapidement gagné ses jalons. De Melbourne à San Francisco, en passant par Edmonton et Montréal, plus d’une trentaine de Fringe gardent le cap, fonctionnant tous selon un système coopératif.
Dans le cadre de cette 15e expérience montréalaise, 97 compagnies d’art performatif de partout sur la planète se côtoieront dans une frénésie libérée des diktats commerciaux. Basé sur le principe qu’un tirage en définit la programmation (en toute absence d’un comité de sélection), le festival accueille donc le meilleur comme le pire, toutes catégories confondues: comédie, drame, marionnettes, conte, poésie, clownerie, burlesque et bien d’autres. Les troupes, récoltant la totalité des recettes, fixent elles-mêmes un tarif d’entrée se situant souvent autour de 7 $. Une habitude qui offre au public la possibilité de faire des découvertes artistiques à peu de frais. Car outre sa bonhomie frôlant parfois un style joyeusement "broche-à-foin", le festival offre un capharnaüm salutaire pour la survie de la création marginale.
Malgré la difficulté de dénicher les incontournables avant d’en avoir fait l’expérience, voici tout de même quelques avant-goûts.
ÉVÉNEMENTS GRATUITS
Pour toute la durée du festival, le parc des Amériques, situé à l’angle de Saint-Laurent et Rachel, présente des événements extérieurs gratuits. C’est là qu’il sera entre autres possible d’entendre du spoken word avec le Klamunity Live Organik Improv ou encore d’assister au Technopéra Agrippina, une rencontre du monde de l’opéra et du multimédia inspirée de l’œuvre de Haendel.
LA BICULTURE DU FRINGE
Au-delà de son bilinguisme, le festival sait faire coexister les deux cultures dans un esprit festif. Parmi les productions québécoises francophones, notons la version française du Fou de Shakespeare écrit et interprété par Keir Cutler dans une traduction de Catherine-Anne Toupin et Frédéric Blanchette. Le texte primé de Simon Boulerice, La Condition triviale, mis en lecture lors du dernier Festival du Jamais lu, sera également monté par l’auteur et un groupe d’étudiants de l’Option-théâtre de Lionel-Groulx. Le Théâtre Aller Simple propose Arbres, un collage de textes de plusieurs auteurs dont Réjean Ducharme, Anne Hébert et Saint-Denys Garneau. Stéphane Séguin et Isabel dos Santos en signent la conception. Philippe Wickham dirigera quant à lui une version plutôt érotique du Balcon de Jean Genet.
Un vent d’air frais soufflera peut-être du côté d’un collectif de huit jeunes femmes de 18 à 22 ans nommé Les Égorgeuses de citrons et ayant choisi Le Langue-à-langue des chiens de roche de Daniel Danis comme base d’exploration théâtrale et musicale. Le Système Kangourou présente quant à lui Au détour de juin d’Anne-Marie Guilmaine, un essai scénique basé sur le hasard.
Parmi les productions anglophones, Fairies Are Thirsty se veut non seulement une version anglaise des Fées ont soif de Denise Boucher, mais également une adaptation contemporaine pour une ville devenue cosmopolite. La production est assurée par la compagnie Waking the Girl formée des finissants en théâtre de Concordia. De Winnipeg, Three Ring Circus, Israel, the Palestinians and my Jewish Identity propose une réflexion sur l’identité juive et la politique actuelle, la famille, le sexe et… les filles.
UN FESTIVAL INTERNATIONAL
Le Fringe permet également d’apprécier la vivacité de la création étrangère émergente. Parmi les nombreux artistes d’ailleurs, on retrouvera le Californien Andrew Cuk qui, après avoir interprété Hamlet en 2003, nous revient dans le rôle de… Juliette! Du Nouveau-Mexique, Mark Chavez et Shenoah Allen proposent une douzaine d’histoires entrecroisées avec Stop Not Going. D’Australie, la compagnie Suitcase Royale présente un théâtre d’objets avec Felix Listens to the World. Enfin, dans le volet off, parions sur un Rigoletto se frottant à l’œuvre de Victor Hugo. Ou peut-être sur ces mystérieuses Études de lignes d’attente par les Productions Sin 4. À vous de tenter le coup.
Pour consulter la programmation complète: www.montrealfringe.ca ou (514) 849-FEST.
Du 9 au 19 juin
Divers endroits
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