La Troupe des Abonnés du TNM : Scène ouverte
La Troupe des Abonnés du TNM présente cette année Gilgamesh de Michel Garneau. Rencontre avec la fondatrice du projet, la directrice artistique Lorraine Pintal.
Voilà plus de 12 ans déjà que la troupe formée des abonnés du Théâtre du Nouveau Monde produit son spectacle annuel. C’est Lorraine Pintal qui, dès le début de son mandat de direction artistique, a voulu tenter l’expérience. "Quand je travaillais à Radio-Canada, il y avait une troupe amateur qui permettait aux employés de mieux communiquer entre eux, se rappelle-t-elle. Il y avait là une telle atmosphère de délinquance et d’abandon que cela a nécessairement raffiné les relations humaines. Quand je suis arrivée au TNM, je me suis dit que la première chose que je devais reproduire, c’était cet impact-là. C’est un excellent moyen pour une direction artistique d’entrer en contact avec les abonnés et de se placer au cœur de leur réalité en les sensibilisant à la création d’un spectacle. Évidemment, j’espérais à la base produire un meilleur public, mais aussi lui donner un sentiment d’appartenance au lieu."
La troupe rejoint environ une centaine d’abonnés du théâtre par année. "Ce n’est pas énorme si on compare ce chiffre aux 10 000 abonnés qu’on a. Mais de les voir arriver sur notre scène après avoir été un an sous la direction d’un metteur en scène professionnel, c’est unique. Des abonnés d’un théâtre invités à faire partie d’une troupe, ce n’est pas fréquent." Tout abonné a donc la possibilité de se présenter aux auditions qui ont lieu sous forme d’ateliers de jeu durant un premier semestre au coût de 125 $. C’est en décembre que la distribution des rôles est ensuite dévoilée. "Tous ont néanmoins l’occasion de participer au chœur, précise Pintal. Mais ce qui est surtout formidable, c’est que les participants touchent à tous les aspects de la production, que ce soit aux décors, aux costumes, à l’administration et aux communications."
Le metteur en scène Michel Forgues a pris le projet en main pour une deuxième année consécutive. "Michel et moi donnons des conseils, nous sommes des personnes-ressources intéressantes pour eux. Mais la beauté du projet, c’est qu’ils sont totalement autonomes." La troupe, menacée à la suite de la perte de la subvention Du Maurier il y a deux ans, a dû employer les dures techniques d’autofinancement. "Ils sont étonnants, s’enthousiasme la directrice. Ils ont toutes sortes d’idées: des bowlings, des fêtes, des tirages… De notre côté, nous aidons au niveau de la publicité. Il y a donc une énergie qui circule entre les abonnés et le Théâtre du Nouveau Monde. Ils se permettent parfois de faire des suggestions pour nos saisons. C’est comme un microcosme qui me nourrit."
Lorraine Pintal cache d’ailleurs difficilement sa tendresse envers ce projet. "Chaque année, quand on commence à mieux les connaître, on voit sous les traits de l’acteur l’avocat, l’ébéniste, la jeune étudiante, la vieille dame qui est là depuis les tout débuts et qu’on a vue devenir aveugle, le peintre, le comptable. Je les appelle des amateurs-professionnels car ils deviennent tellement professionnels à force de jouer que l’amateurisme n’est pas un qualificatif mais plutôt une manière d’être, de s’impliquer dans des projets culturels en dilettante."
Cette année, la troupe monte donc l’épique Gilgamesh de Michel Garneau. Au total, 45 abonnés (dont huit enfants) se partageront la scène. "Je suis enchantée par ce choix. C’est une pièce-fleuve qui a le mérite d’offrir des rôles intéressants de femmes, entre autres. Michel Forgues y accorde beaucoup de place à la musique, au chant et la psalmodie. Et l’idée d’y inclure des enfants risque d’être une belle surprise…"
Les 17 et 18 juin
Au Théâtre du Nouveau Monde
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