Jean-Marie Corbeil : Sac à blagues
Scène

Jean-Marie Corbeil : Sac à blagues

En rodage de son premier spectacle solo, Jean-Marie Corbeil fait le point sur sa carrière et son caractère optimiste et ambitieux. Rencontre avec le clown par une belle journée  d’été.

"J’ai pas eu le temps de manger!" s’excuse-t-il, attablé devant un repas chaud d’un resto du Marché By, avant de me livrer une entrevue fort sympathique, amicale.

Son nom est encore moyennement connu dans le paysage de l’humour québécois; pourtant, il y a plus de 12 ans maintenant qu’il est sorti de l’école nationale. Participant ici et là à des émissions de télévision, de radio, étant scripteur pour d’autres rigolos, il a plutôt travaillé dans l’ombre avant de sortir un premier one-man-show, qu’il présente pour une deuxième fois à Gatineau. Un spectacle qui n’aurait pas été le même il y a trois ans, au dire de l’humoriste qui a acquis depuis beaucoup plus d’assurance, notamment dans le jeu. Après avoir participé à la rédaction des dialogues du court métrage Capacité 11 personnes de son amie de cœur réalisatrice Gaëlle d’Ynglemare (qui lui a valu un Génie), Jean-Marie Corbeil, fort de leur bienheureuse collaboration, lui demande d’assurer la mise en scène de son nouveau bébé.

Fortement comparé aux Jim Carrey et Michel Courtemanche de ce monde, ce faiseur de mimiques s’adonne aux numéros visuels autant qu’au stand-up à l’américaine et aux sketchs plus théâtraux. Se disant flatté par la comparaison qu’on a construite pour le présenter au public, Jean-Marie Corbeil reconnaît aussi que l’association peut parfois être néfaste. "De toute façon, inévitablement, on compare toujours la première fois que l’on voit quelqu’un. Je pense qu’en sortant de la salle, les gens n’auront plus cette image-là", espère-t-il.

Il n’y a pas à dire, l’humour a la cote au Québec ces dernières années. Questionné à propos des humoristes qui roulent leur bosse avec le même spectacle pendant trois ans et plus de 500 représentations, Jean-Marie Corbeil constate: "Il n’y a pas grand humoriste qui ne souhaite pas ce même parcours. Faut dire que les humoristes vivent très bien. Il y a une grosse disparité dans le salaire des artistes, pour une raison que j’ignore. Un chansonnier qui va faire trois sets jusqu’à trois heures du matin va faire cinq fois moins qu’un humoriste qui va faire une heure dans le même bar", remarque-t-il.

Traitant de la compétition dans le métier, Jean-Marie Corbeil note surtout une certaine inquiétude, surtout à l’approche de l’automne, où près de 35 shows sortiront en même temps. Et comment analyse-t-il sa place au milieu de tout ce beau monde? "C’est comme une famille, je vois ça comme un bureau. On est peut-être 80 humoristes au Québec à pas mal tous se parler et à sortir nos shows. Ma place est dans ce bureau-là. Je suis dans la gang."

Ambitieux dans la vie? "Maladivement, répond-il tout de go. Doublé d’une timidité et d’un caractère angoissé qui font un être insupportable. (rires) En même temps, j’ai peur. Par exemple, j’achale mes gérants pour des affaires énormes, ça arrive, puis là, j’ai peur."

En quoi est-ce maladif? "C’est que je n’ai pas de limite dans mes demandes. J’ai déjà dit à mon gérant: "Ça sera à 75 ans s’il le faut, mais je veux voir quelque chose du genre Paramount ou Warner Bros avec mon nom après… Arrange ça pour qu’on arrive là!" lâche avec gêne l’humoriste qui rêve d’avoir une carrière d’acteur. Alors là, faut que j’apprenne l’anglais…" ricane-t-il en ajoutant qu’il s’en va bientôt à New York et Los Angeles pour essayer ses numéros visuels dans des soirées open mic. "Je vais avoir l’air d’un malade de dire ça! Regarde, j’y arriverai probablement pas, là, mais j’aimerais ça, exulte-t-il. Moi, j’ai une affaire bien mystique avec ça. Je pense que plus tu visualises quelque chose, plus ça t’arrive. Généralement, ça marche", conclut-il, sourire aux lèvres.

Jean-Marie Corbeil se produira dans le cadre de la première édition du Grand Rire, festival qui accueille aussi les Réal Béland, Michel Barrette, François Léveillée et Normand Brathwaite (www.grandrire.com).

Du 24 au 26 juin à 20 h
À la Salle Jean-Despréz

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