La Place de l’autre : Coup de foudre anonyme
Dans La Place de l’autre, la nouvelle production du Théâtre des Marguerites, l’auteur et metteur en scène Stéphane Bellavance explore l’étrange monde des rencontres virtuelles.
Plus que jamais, Internet est un lieu où foisonnent les amours anonymes. Caché derrière un écran, on peut facilement s’adonner au jeu de la séduction: on se dévoile à demi-mot, on ment, on se perd dans une autre réalité. Fasciné par ce "nouveau phénomène", le metteur en scène Stéphane Bellavance a commis la comédie La Place de l’autre, pièce présentée tout l’été au Théâtre des Marguerites.
L’histoire de La Place de l’autre tourne autour de Bertrand (Olivier Aubin) et d’Isabelle (Julie McClemens), deux célibataires qui entretiennent une correspondance électronique depuis un petit bout de temps, sans connaître le visage de l’autre. Dans le confort de la virtualité, tout se déroule à merveille. Cependant, l’affaire se corse lorsque le duo comprend qu’il ne peut rester éternellement dans cette situation; il doit faire tomber le masque. C’est là qu’interviennent Julie (Catherine Lachance) et Luc (François Chénier), qui enseignent à leurs amis l’art de la séduction. "Le point de départ, c’est des gens qui se rencontrent sans se voir. À partir de là, j’ai inventé une histoire qui illustre jusqu’où ça peut aller si on ne se voit pas. Et ça peut aller jusqu’à ce que ce soit quelqu’un d’autre qui prenne ta place pour le rendez-vous!" s’exclame Bellavance. "Il y a aussi l’idée que, si on se rencontre virtuellement, on peut facilement se monter un bateau, une idylle… En général, quand tu rencontres quelqu’un, tu commences par aller boire une bière ou aller manger tranquillement. On dirait que plus tu retardes le moment de la première rencontre, plus il faut que ça devienne comme un rendez-vous sur le Titanic. Si le point de départ est qu’on se rencontre sans se voir, peut-être que ça peut faire fabuler sur le premier rendez-vous, et celui-ci peut devenir trop stressant pour rien. C’est sûr que c’est à partir de là que tout peut commencer. Mais une rencontre, c’est bien juste pour savoir si tu la ou le trouves cute."
RÉPLIQUES D’ÉTÉ
Encore aujourd’hui, certains préjugés planent autour du théâtre d’été, qui a longtemps été rattaché aux variétés et au vaudeville. Avec l’acquisition du Théâtre des Marguerites et les productions qu’ils y montent, Stéphane Bellavance et son associé, Mathieu Bergeron, mettent beaucoup d’énergie à faire taire les mauvaises langues. "Un de nos mandats est de perpétuer la tradition du théâtre d’été parce qu’elle est unique au monde. Il n’y a aucune autre place où, pendant une saison, une trentaine de théâtres ouvrent en même temps avec un même genre de spectacle. Ça existe ailleurs, du théâtre en saison. Il y a Shakespeare in the Park à Londres, mais ça n’a rien à voir. […] L’autre chose… Nous autres, on veut, tout en restant dans les paramètres du théâtre d’été – c’est-à-dire la comédie, on ne fera jamais de tragédie – que ces spectacles-là puissent s’inscrire dans la démarche artistique d’un comédien. J’ai déjà entendu des acteurs dire en entrevue à la télé: "Oui, je fais du théâtre d’été, mais c’est alimentaire." Moi, je ne veux plus que ça soit ça! Et je pense que ça se peut." En effet, les productions précédentes du Théâtre se sont chaque fois démarquées. La première, Entre deux, a remporté un Masque pour la Meilleure production, théâtre privé; la seconde, C’est devenu gros, a reçu un nombre impressionnant de visiteurs.
Du 25 juin au 3 septembre
Au Théâtre des Marguerites
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