Les Envahisseurs : Les voisins
Avec Les Envahisseurs, une création du Petit Théâtre DuNord, Benoît Vermeulen signe sa première mise en scène "pour adultes".
Cofondateur et codirecteur artistique du Théâtre le Clou, une compagnie de création pour adolescents fondée en 1989, l’acteur et metteur en scène Benoît Vermeulen appartient sans contredit aux figures les plus marquantes de notre théâtre jeune public. Deux fois lauréat du Masque de la meilleure mise en scène (Au moment de sa disparition en 2003 et Romances et Karaoké en 2005), le créateur s’offre ces jours-ci un nouveau défi. Invité par l’équipe du Petit Théâtre DuNord à prendre les rênes de sa plus récente production, Les Envahisseurs, Vermeulen signe sa première mise en scène "pour adultes" dans le créneau bien spécifique du théâtre d’été.
Il y a déjà huit ans que les dirigeants du Petit Théâtre DuNord, seule compagnie de création théâtrale dans les Laurentides, militent en faveur d’un théâtre "substantiel" en été. En 2004, la troupe décrochait le Masque de la production "régions" pour L’Espace entre nous, une pièce de Nico Gagnon et Julie Deslauriers mise en scène par Marc Dumesnil. L’année dernière, Stéphane Hogue obtenait les faveurs du public et de la critique en signant une cinglante comédie intitulée Terminus. Le succès remporté par les spectacles du Petit Théâtre DuNord démontre bien l’intérêt du public pour un nouveau genre de théâtre d’été. Cette année, toujours dans la grange du charmant Parc du Domaine Vert, à Mirabel, la compagnie présente Les Envahisseurs, un texte à quatre mains (celles de Francis Monty, Marie-Christine Lê-Huu, Nico Gagnon et Simon Boudreault), fruit d’une écriture à relais dont François Archambault a assuré la supervision. Invité à signer la mise en scène de ce spectacle, Benoît Vermeulen semble enchanté d’œuvrer dans un tel contexte. "Dès le départ, cette idée d’une compagnie s’étant donné le mandat de faire du théâtre de création en été m’a complètement séduit, déclare-t-il. C’est vraiment agréable d’être appelé à faire du théâtre d’été dans des conditions comme celles-là. Je pense que c’est très positif que la compagnie prenne sa place dans le paysage théâtral estival."
À PLUSIEURS VOIX
En s’attaquant à une courtepointe tissant entre elles les écritures de quatre jeunes dramaturges en pleine ascension, le metteur en scène a accepté de composer avec une hybridité tout aussi inspirante que risquée. "Quand j’ai lu le texte pour la première fois, je pouvais voir très clairement les coupures de ton, de style et même de code entre les différentes parties", raconte-t-il. À ce stade, François Archambault, qui avait dès le départ collaboré à la rédaction du scénario ayant servi d’inspiration aux quatre auteurs, a entrepris de faire de tout cela une seule et même pièce, unifiant le ton et la psychologie des personnages. "Maintenant, je ne pense pas qu’on puisse savoir exactement où ça change d’auteur, prétend Vermeulen. Pourtant, ça donne un texte qui n’aurait pas pu être écrit par une seule personne, une pièce dotée d’une force assez surprenante. Je pense que les revirements devraient procurer beaucoup de plaisir aux spectateurs."
Parmi les éléments qui ont présidé à l’écriture de cette comédie, on trouve le désir "de s’interroger sur la notion d’entraide" et surtout sur "la perversion qu’elle peut causer lorsqu’elle est poussée jusqu’à l’extrême limite". Mettant en vedette Luc Bourgeois, Louise Cardinal, Sébastien Gauthier et Mélanie St-Laurent, la pièce s’attarde aux déboires de Réal, un intellectuel du Plateau Mont-Royal réfugié à Bonneville, une jolie banlieue, pour se remettre d’une douloureuse rupture amoureuse. Évidemment, son quotidien ne se déroule pas exactement comme il l’avait prévu. Ses voisins, Jérôme et Thérèse, font des pieds et des mains pour sortir cette âme en peine de sa torpeur. Plein de bonne volonté, le couple s’immisce de plus en plus dans l’intimité de Réal et se mue rapidement en de redoutables "envahisseurs". Ainsi, tout en explorant le gouffre qui sépare la ville et la banlieue, la pièce aborde l’amour, la vie à deux, la paternité et la peur de l’engagement, autant de préoccupations chères aux trentenaires de notre époque. "Ce sont des personnages assez typés, explique Vermeulen, mais ils sont imprévisibles, beaucoup plus complexes qu’on pourrait le croire. D’ailleurs, le plaisir provient souvent du fait qu’on se demande quelles sont leurs réelles intentions, ce qui les pousse véritablement à agir."
Du 1er juillet au 27 août
Au Petit Théâtre DuNord