L'Écho d'un peuple : Le chour du peuple
Scène

L’Écho d’un peuple : Le chour du peuple

Le spectacle à grand déploiement L’Écho d’un peuple entame sa deuxième édition sous le signe du renouveau, de la passion et de la fierté. Rencontre avec le directeur musical du projet, à qui l’on doit la trame sonore.

Auteur-compositeur-interprète et professeur de musique à l’école secondaire de Casselman, Brian St-Pierre avait déjà rêvé – après avoir vu La Fabuleuse Histoire d’un royaume à Saguenay – de voir se dessiner un projet semblable dans la région. Après avoir vainement insisté auprès des gens qu’il connaissait, il avait laissé tomber. Et quand il eut vent qu’un certain Alain Dagenais tenait des réunions pour créer un spectacle à grand déploiement qui retracerait quatre siècles d’histoire française en Amérique du Nord et en Ontario, il s’est présenté à la deuxième rencontre afin d’offrir ses services. "J’ai dit: "Je suis ici pour écrire de la musique, si j’en écris pas, j’embarque pas"", se souvient-il. Vraisemblablement, il a été pris au sérieux puisque, une année plus tard, on lui donnait le mandat de créer la trame sonore du spectacle. "J’aime bien travailler sur commande. Si c’est trop loin, c’est trop vague; il faut que ce soit sous pression. On dit souvent que la musique, c’est 10 % de talent et 90 % de travail… c’est bien le cas!" rappelle celui qui a notamment composé pour Véronic Dicaire et Johanne Lefebvre (À la ferme à Jojo).

LES ODES DE LA FIERTÉ

L’été dernier donc, il créait la trame sonore du spectacle et l’album, qui réunit 173 artistes franco-ontariens – dont Michel Bénac (Swing), Manon Séguin, Jean-Marc Lalonde, Guy Brisson, Martine Lafontaine – et 143 voix de trois chœurs – dont Les Chansonniers de Gloucester et Le Chœur du Moulin de Rockland. "Je voulais avoir une couleur orchestrale. Félix Saint-Denis, [le directeur artistique] et moi avons eu l’idée de faire aussi appel à des chorales…"

Un pari réussi, il va sans dire, puisque l’album a été mis en nomination au dernier Gala des Prix Trille Or dans la catégorie Album de l’année, alors que le spectacle a remporté le titre de meilleur événement musical. "Je considère L’Écho d’un peuple comme un film qui se déroule devant nos yeux. La musique reflète l’âme que les acteurs transmettent sur scène, ça annonce le personnage, l’action, la victoire, la défaite…"

L’organisme Francoscénie, qui a reçu une faramineuse somme de la part du Comité du fonds des IVes Jeux de la francophonie, a apporté quelques changements ponctuels au spectacle après avoir sondé son public l’an dernier. La parade de la Saint-Jean-Baptiste a entre autres été modifiée et est maintenant agrémentée de chars allégoriques et d’une fanfare dirigée par Brian St-Pierre. "On a trouvé les musiciens parmi les comédiens, et certains ont même appris à jouer de la trompette en quelques semaines! C’est une fanfare qui existerait dans les parades communes, c’est certain que ce n’est pas la grande parade américaine, mais ça reflète 40 ans d’histoire…"

Sur la liste des améliorations figurent aussi les décors, l’éclairage, l’écran d’eau ainsi que la vidéo qui conclut le spectacle. C’est d’ailleurs le seul changement qui touchera la trame sonore, à laquelle on n’a rien reproché. "Dans la vidéo, il y a maintenant une section sur les artistes franco-ontariens, et je me suis cassé la tête pour composer une pièce qui les représenterait bien. Le réalisateur de l’album, Charles Fairfield, m’a alors fait remarquer que je perdais mon temps, que c’était impossible de refléter dans une seule musique tous ces chanteurs et leur style. Alors, j’ai proposé à Félix, qui a accepté, de mettre un extrait de Mon beau drapeau. On trouvait que c’était la seule musique qui pouvait fonctionner, il y en avait pas d’autre!" Cet hymne qui est de plus en plus connu dans les écoles de l’Est ontarien commence à se répandre un peu partout dans la francophonie de la province. Brian St-Pierre avait composé cette pièce à la demande du Centre des ressources pédagogiques en 2001, au moment où le drapeau vert et blanc a été officiellement décrété comme emblème franco-ontarien. "On ne pensait pas que cette chanson aurait autant d’impact. Tant mieux, à part les droits d’auteur, cette chanson ne m’appartient plus, elle revient au peuple."

Celui qui a toujours eu à cœur la cause franco-ontarienne vient d’ailleurs de faire paraître Réveille, un second album solo aux textes engagés qui a pour but de sensibiliser jeunes et moins jeunes à la fierté. "Je pense que la clef dans ça, c’est de faire vivre des expériences marquantes. On dit que l’être humain ne retient que 10 % de l’écoute, alors il faut toucher les différents sens. Comme avec les gens qui participent à L’Écho d’un peuple. Ça touche tous les sens. Et évidemment, le sens de l’appartenance se développe, c’est comme une grosse famille", note celui qui a décidé de se joindre aux quelque 320 acteurs bénévoles en jouant cette année dans le spectacle avec ses enfants et son épouse. "Ça te marque à vie, ça ne peut pas se volatiliser comme ça", conclut-il, enthousiaste.

Du jeudi au samedi jusqu’au 27 août
Au Théâtre Desjardins
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