Parents d’hockey : Passe-moé la puck
Avec Parents d’hockey, le Théâtre de l’Île propose une soirée dans un aréna de quartier au cours de laquelle on assiste à la rencontre amoureuse de deux parents célibataires, fiers de leurs rejetons hockeyeurs. Après les trois périodes de passes, de buts et de punitions, y aura-t-il prolongation?
Le Théâtre de l’Île présente cet été ni plus ni moins qu’une saison de hockey, avec la pièce Parents d’hockey ou l’amour à l’aréna (Hockey Mom, Hockey Dad) de Michael Melski. Après maints efforts de la part du directeur artistique du théâtre municipal Gilles Provost, l’auteur néo-écossais a finalement accepté de laisser la première traduction française de sa précieuse pièce à Danielle Grégoire. Cette dernière a été récompensée pour sa traduction de Neuf Mois (un Masque en 2003) et a fait un bijou de son adaptation des Noces de Marie de Stephen Massicotte. "Gilles m’a dit: "Écoute, on vient de vendre l’idée à Toronto, on a travaillé fort, maintenant, il faut que tu parles avec l’auteur, il veut savoir ce que tu veux faire avec ça, il veut savoir pourquoi une fille s’intéresse à traduire une pièce de hockey…" raconte fébrilement la comédienne.
"Il voulait être en confiance, que ce soit bon, continue-t-elle. On métamorphose sa pièce dans une autre langue et il voulait être sûr de ne pas perdre les deux personnages qu’il aime tant. Je lui ai dit que si j’arrivais à écrire ce qu’il n’avait pas écrit mais qui est tellement là, ce serait déjà une maudite bonne job!"
Et c’est ce qu’elle s’est efforcée de faire, en déplaçant l’action dans un quartier anonyme du Québec – qui s’apparente à la région de l’Outaouais – et en faisant une importante recherche en matière d’expressions et de termes québécois liés au sport. "Je ne suis pas traductrice, mais je traduis du théâtre, et il faut que ce soit des pièces qui me rentrent dans le cœur parce que, sinon, le temps investi ne vaut pas le coup. J’ingère chaque syllabe… Ça prendrait trop de temps, ce serait pas payant et complètement fou de le faire pour les mauvaises raisons."
La pièce se déroule au fil des pratiques et matchs de hockey des enfants de Lina et Denis. Lui a déjà été entraîneur au hockey et met beaucoup d’espoir dans son jeune atome costaud. Elle vient de déménager et tout comme son fils, est recrue dans ce sport qui ne lui est pas familier. "Le public participe dans cette pièce, il est intégré à l’action. C’est d’abord une petite histoire bien humaine, mais sur fond de partie de hockey, de jeu. Du coup, il n’aura pas le choix de voir ce parallèle-là, de surveiller les feintes que ces deux personnages-là se font, les petites mesquineries ou les montées qui pourraient être matière à pénalité…" avance Luc St-Denis d’un rire rempli de sous-entendus.
Ne pouvant éclipser la réalité qui sévit réellement dans les arénas bondés où la violence est de mise – autant sur la glace que dans les estrades -, les deux comédiens discutent des beaux et moins beaux côtés de ce sport. "Les sociologues et les pédagogues commencent seulement à vouloir redonner la possibilité aux petits gars de l’exprimer, cette agressivité-là. À l’école, on a voulu faire une espèce d’uniformisation des comportements, mais à un moment donné, un gars, c’est un gars!" lance Luc St-Denis en ajoutant qu’une certaine forme d’agressivité peut être considérée comme étant saine. "Je pense qu’il y a encore des parents qui font ça pour que l’enfant ait un milieu d’évolution agréable. J’ose croire qu’il y en a au moins la moitié qui sont là pour le bien-être des enfants et qui veulent leur donner une formation à l’intérieur d’une activité ludique!"
Et Danielle d’ajouter: "Mais c’est un sport de contact, c’est pas du badminton! Il y a de l’adrénaline et je pense que c’est super d’avoir transposé ça au théâtre, cette agressivité-là qui n’est pas toujours malsaine."
Comblée par cette expérience qui lui permet de se faire diriger à nouveau par Gilles Provost, la comédienne souligne aussi le plaisir qu’elle a de jouer avec Luc St-Denis: "On se passe la puck à deux. Il la lance comme il peut et il faut qu’il la reçoive et vice versa, je fais avec ce qu’il a et il fait avec ce que j’ai… On a vraiment du fun, c’est fait dans la confiance, le respect absolu et la reconnaissance mutuelle."
Jusqu’au 27 août
Au Théâtre de l’Île
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