Nana et les autres : Commérages et quiproquos
Scène

Nana et les autres : Commérages et quiproquos

Nana et les autres, pot-pourri de pièces de Michel Tremblay présenté au Centre des arts Rita-Lafontaine, assure aux spectateurs qui ont l’âme aux vacances de francs éclats de rire et une soirée très agréable.

Il faut dire que la route menant à Saint-Joseph-de-Ham-Sud, un pur bonheur, nous met dans de bonnes dispositions. On y croise quelques fermettes et troupeaux de moutons, esthétiquement nichés dans les vallons luxuriants de ce début d’été. Et on aperçoit de loin les derniers rayons du soleil se reflétant sur le clocher de l’église gothique transformée en salle de théâtre.

La première partie du spectacle est sans contredit la plus réjouissante. Rita Lafontaine campe avec beaucoup de finesse Nana, la mère de Jean-Marc, l’alter ego de l’auteur Michel Tremblay. Ce dernier est interprété par Jean-Philippe Baril-Guérard, un jeune acteur à surveiller qui en est à sa première expérience professionnelle dans le milieu artistique. Les deux comédiens transmettent avec brio la complicité entre la mère, exubérante femme à l’imagination débridée et au sens de l’exagération exacerbé, et le fils, qui se réjouit de ses histoires invraisemblables mille fois racontées. Au fil de leurs conversations – et des monologues de Nana! -, on apprend notamment comment la belle-sœur s’est coincé le bras dans le tordeur de sa machine à laver, de quelle manière celle-ci réussit depuis 30 ans à se faire inviter à souper le samedi soir et pourquoi Jean-Marc aurait pu devenir la honte de sa famille, envoyé à l’école de réforme ou pire, emprisonné à Bordeaux.

La sauce se gâte un peu après l’entracte. Peut-être est-ce simplement une question de goût? Néanmoins, le genre vaudeville téléphonique exploité dans la deuxième partie semblait manquer de rythme le soir de la première. Les quelques accrochages dans le texte, attribuables à une nervosité bien naturelle, n’ont toutefois pas entaché le plaisir des spectateurs, qui se sont bidonnés jusqu’à la fin. Thèmes chers à Tremblay, commérages et quiproquos colorent les propos de deux voisines préparant un surprise party à leur copine Madeleine. Jeannine (Marie Michèle Desrosiers) et Laurette (Louise Latraverse) causent un fameux bordel lorsque leur autre amie Madeleine (Rita Lafontaine) imagine que la fête est organisée en son honneur. Le tout se termine de dramatique façon, dans le délire complet de cette dernière.

Rappelant le téléroman À plein temps, le décor de Martin Gilbert représente bien les logements et ruelles du Plateau Mont-Royal. Les déplacements des comédiens étant plutôt limités, la mise en scène de Gilbert Lepage s’avère toute simple mais très efficace. Disons donc que le spectacle vaut le détour par Saint-Joseph-de-Ham-Sud, simplement pour décrocher, pour le plaisir toujours renouvelé de s’imprégner de l’univers de Michel Tremblay et pour rire un bon coup. Et le retour à la lueur de la lune termine la soirée en beauté!

Jusqu’au 27 août
Au Centre des arts Rita-Lafontaine
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