Les Envahisseurs : L’enfer, c’est les autres
Les Envahisseurs, une huitième création fort réussie pour le Petit Théâtre DuNord.
En 1998, quatre jeunes comédiens espérant "faire vivre le théâtre ailleurs qu’à Montréal" fondent le Petit Théâtre DuNord. Huit productions et un Masque plus tard, les partenaires dirigent la seule et unique compagnie de création théâtrale dans les Laurentides. Entre les murs d’une modeste grange, au cœur du site enchanteur du Parc du Domaine vert, à Mirabel, la troupe présente cette année Les Envahisseurs, une pièce à plusieurs mains dont Benoît Vermeulen assure la mise en scène.
Pour cette huitième saison, soucieux de diversifier leurs collaborateurs, les membres du PTDN ont prié quatre jeunes auteurs dramatiques de se prêter à un exercice aussi ludique que risqué. Francis Monty, Marie-Christine Lê-Huu, Nico Gagnon et Simon Boudreault ont relevé le défi d’écrire – tout en étant maintenus dans l’anonymat les uns des autres – un chapitre d’une seule et même histoire, celle de Réal. Jeune trentenaire, Réal (Luc Bourgeois) quitte son cher Plateau-Mont-Royal et sa conjointe Marie (Louise Cardinal) lorsque cette dernière lui propose de devenir père. Incapable d’un tel engagement, le jeune homme se réfugie dans un bungalow de Bonneville, une banlieue calme et apaisante où il compte pleurer, dans la solitude la plus totale, toutes les larmes de son corps. Bien sûr, il n’en sera pas ainsi. Jérôme (Sébastien Gauthier) et Thérèse (Mélanie St-Laurent), deux voisins libidineux et prodigieusement envahissants, vont s’immiscer avec une exceptionnelle adresse dans les moindres recoins de l’intimité de Réal.
Dotés d’un humour irrésistible, les dialogues tournent en dérision les travers des banlieusards aussi bien que ceux des urbains. Sans réinventer la roue, l’intrigue s’avère particulièrement riche en rebondissements – des revirements qui ajoutent à la complexité d’une galerie de personnages moins schématiques qu’on ne pourrait le croire. Cette difficulté à déterminer le "mobile" des protagonistes constitue probablement le plus bel apport de cette écriture à plusieurs mains. François Archambault, en plus d’avoir rédigé le scénario initial, est parvenu à créer une surprenante homogénéité – il est d’ailleurs bien ardu de deviner qui a écrit quoi. Il faut dire que la pièce Les Envahisseurs, dans le fond plus que dans la forme, présente de nombreuses parentés avec la dramaturgie d’Archambault. L’auteur de Cul sec et de La Société des loisirs continue ici de dévoiler les aspects les plus obscurs de la relation de couple. Rondement menée par Benoît Vermeulen, la représentation s’appuie sur les aptitudes physiques des comédiens, l’ingéniosité toute simple de l’espace (Jonas Veroff Bouchard), la flamboyance de certains costumes (Valérie Gomes) et le dynamisme des musiques (René Cardinal). Avec Les Envahisseurs, le Petit Théâtre DuNord ajoute une autre réussite à sa feuille de route. Pour l’été prochain, la compagnie annonce une création de Dominick Parenteau-Lebeuf. C’est à suivre!
Au Petit Théâtre DuNord (Mirabel)
Jusqu’au 27 août
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