Stéphan Bureau : Sur la corde raide
Scène

Stéphan Bureau : Sur la corde raide

Stéphan Bureau est un dévoreur de spectacles d’humour depuis 25 ans. Mais jusqu’à l’an dernier, il n’avait jamais eu l’occasion de mettre son talent d’intervieweur au service de l’humour. C’est maintenant chose faite.

Dans le communiqué, on parle de réinventer l’entrevue. Est-ce possible?

"Non. C’est-à-dire qu’on la réinvente quand même dans la mesure où ça se passe devant public, ce qui n’est pas un cadre habituel, et compte tenu du fait que les personnes en face de moi sont des performeurs naturels, qui réagissent à la présence du public. Ce n’est certainement pas la même chose pour celui qui pose les questions, car il y a un stress lié à la performance. On veut que ce soit intéressant – on sent les réactions du public, on sent si c’est ennuyant ou drôle. On est à la frontière de l’entrevue et du spectacle vivant. L’an dernier, Pierre Richard s’est mis à raconter et à mimer des épisodes de sa vie. Est-ce que mes invités voudront faire la même chose? Tout est possible."

Le public est-il invité à poser des questions?

"Oui. On a réalisé l’an passé avec Pierre Richard que les fans de longue date posent des questions que je n’aurais jamais imaginé poser tellement elles sont pointues, et c’est bien d’y avoir accès. Si la formule des grandes entrevues fonctionne, j’aimerais bien que chaque hommage soit précédé d’une grande entrevue, comme c’est le cas avec Jean Lapointe. J’aimerais aussi qu’on en profite pour parler chaque année avec des gens qu’on ne voit pas souvent à Montréal, comme c’est le cas de l’humoriste britannique Eddie Izzard, qui est, à mon avis, l’un des plus grands comiques anglophones au monde."

Les grandes entrevues de l’an dernier vous ont-elles permis de mieux vous préparer?

"Oui, même si j’ai l’impression que chaque année, c’est à refaire. J’étais très confiant il y a quelques mois, mais là, j’ai le cœur en chamade. C’est là où la présence du public change la donne. Il y a presque un devoir de résultat."

Quelles sont les leçons que vous avez apprises l’an dernier?

"La clé de ces entrevues, c’est que la personne qui pose les questions est un faire-valoir pour l’invité. Il faut embrasser ce rôle. Se comporter devant public, ce n’est pas la même chose que dans le confort rassurant – pour quelqu’un comme moi – d’un studio où je contrôle les codes."

Y a-t-il eu des entrevues préparatoires avec les invités?

"Non, je me prépare de mon côté avec ma recherche – mais plus on m’en parle et plus je me dis que je n’en fais peut-être pas assez."

Si on se prépare trop, peut-on s’enfermer dans un carcan?

"Oui. J’ai des objectifs, mais pas de plan de match duquel je ne pourrais pas déroger. Les invités doivent aussi accepter de s’ouvrir, car ce n’est pas seulement de la performance. Derrière leurs personnages, ils ont des vies intéressantes et il peut être enrichissant d’y accéder."

À quoi peut-on s’attendre de la rencontre avec Dieudonné?

"Je ne sais pas encore. J’ai vu tous ses spectacles et je suis un fan de l’homme de spectacle qu’il est. Je pense qu’il écrit dangereusement bien, c’est quelqu’un d’audacieux. Il a décidé que l’humour lui servirait à dire des choses, ce qui m’intéresse déjà, mais ce qui m’embête, c’est que la politique l’a emporté sur le créateur. Mais c’est un choix qu’il a fait. Il s’est présenté aux présidentielles et le fait très sérieusement. Il ne pouvait pas ne pas savoir que ses déclarations créeraient des réactions. On ne peut pas occulter ça, mais il ne faut pas non plus oublier que c’est un performeur. Ignorer ses déclarations serait une erreur et ne parler que de ça en serait une aussi."

Au Studio du Musée Juste pour rire
– Jean Lapointe, 16 juillet à 13h
– Jean-Marc Bigeard, 21 juillet à 12h
– Dieudonné, 21 juillet à 15h
– Franck Dubos, 22 juillet à 12h
– Stéphane Rousseau, 22 juillet à 15h
– Eddie Izzard, 23 juillet à 12h
– Jean-Marc Parent, 23 juillet à 15h