Quelques livres de trop : Quelle famille!

Au départ, une bonne histoire. Un veuf (Raymond Legault) s’occupe jalousement de sa petite librairie de village depuis 25 ans. Un jour, fiston (Marc St-Martin) revient de la grande ville, riche du diplôme qu’il a décroché en affaires commerciales. Or, papa, aussi fier soit-il de sa progéniture, reste bien conservateur face aux propositions modernes du bachelier. Fiston ouvrira donc sa propre librairie juste à côté de l’entreprise paternelle. S’ensuivra une étrange rivalité où les conflits de deux générations bien distinctes se frotteront joyeusement au bagage génétique. La pomme détrônera-t-elle le pommier?

La sobre mise en scène de Monique Duceppe mais surtout l’excellente distribution de cette nouvelle version offrent ici une belle occasion de redécouvrir le texte de Pierre-Yves Lemieux, présenté à Québec il y a quelques années. L’habituelle cavalcade de gags laisse la place à une trame narrative bien ficelée. C’est que le conflit père-fils entraîne la tante Marie (Pierrette Robitaille) à jouer dans les deux camps, prêtant de l’argent à l’un, faisant le ménage de l’autre. Empêtrée dans ses mensonges, malheureuse devant tant d’incompréhension de part et d’autre, elle prodigue ici et là boîte de fondants, liste de clients et autres consolations. La commère, personnage tiré d’une précédente pièce du même auteur et jouée ici par Diane Lavallée, y ajoute son fiel. Si tous les acteurs sont justes et émouvants, Lavallée livre ici une performance notoire en interprétant Langue de vipère et sa sœur jumelle, étonnant jeu de miroirs où le bonheur de l’une fait le malheur de l’autre. L’illusion est telle qu’il semble bizarre de n’en voir qu’une au salut final.

Notons que devant le théâtre, tous les dimanches après-midi et dimanches soirs, les Rendez-vous amoureux permettent également au public de revivre les grandes scènes d’amour du répertoire dramatique. Paul Savoie, Sophie Faucher, Gérard Poirier et plusieurs autres vous y attendent tout l’été. Bref, un heureux doublé estival.

Jusqu’au 27 août
Au Théâtre Hector-Charland
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