Dix-Huit Trous pour quatre : Rires et délires sur le green
Scène

Dix-Huit Trous pour quatre : Rires et délires sur le green

Le foursome de Dix-Huit Trous pour quatre fait crouler de rire le public de La Marjolaine et donne une belle leçon d’amitié.

Marc-André Coallier, André Robitaille, Luc Senay et Stéphan Côté relèvent avec brio le défi de cette comédie en 19 tableaux, un genre plus difficile à livrer qu’il n’y paraît. Les échanges à quatre, qui rendent la chose encore plus ardue, s’enfilent naturellement et les punchs lines ne ratent pas leur cible. Complètement ignorante en matière de golf, l’auteure de ces lignes s’est surprise à rire de bon cœur des boutades lancées par ces quatre vieux chums dans la quarantaine qui se retrouvent après s’être perdus de vue depuis plusieurs années.

Premier point positif: le casting est excellent. André Robitaille est brillant dans le rôle de Paul, un homme tendre mais maladroit, mari affectueux, père de cinq enfants et propriétaire d’une quincaillerie à Sainte-Toutoune-de-Hatley. Et on se moque avec plaisir de Jean, directeur des ventes d’une chaîne de télévision, quétaine à souhait, angoissé aux tendances hypocondriaques, interprété par Luc Senay. Pour sa part, Stéphan Côté réussit bien à faire ressortir le côté refoulé et frustré de Georges, que son ex a quitté parce qu’il ne pouvait pas avoir d’enfants et qui s’est remarié avec une femme de 19 ans sa cadette. Son rival de toujours, Richard, un type prétentieux et "crosseur" assumé qui s’est exilé en Floride, est aussi habilement campé par Marc-André Coallier.

Tout au long du parcours de golf, ces derniers laissent éclater leurs rivalités et leurs jalousies, se confient leurs déboires et leurs bons coups et, surtout, tentent de renouer afin de rattraper le temps perdu. Les échanges se font pour la plupart sur une note humoristique, avec quelques brèves incursions dans un univers plus dramatique. Un des moments forts de la soirée est sans contredit le petit jam improvisé par les quatre comparses, qui transforment bâtons et sacs de golf en instruments de musique. Le jeu physique est aussi à souligner. Les mimiques des personnages, notamment lorsqu’ils s’élancent pour leurs swings, font s’esclaffer les spectateurs. Un seul irritant, négligeable, le langage utilisé par les comédiens, qui louvoient entre un discours soutenu et la langue parlée. Les transitions entre les tableaux sont par ailleurs bien servies par une mise en scène (Yvon Bilodeau) toute simple et un décor (Vincent Lefevre) exclusivement constitué d’un banc et de rideaux qui descendent du plafond.

Avec Dix-Huit Trous pour quatre de Norm Foster, La Marjolaine ne réinvente pas le théâtre d’été. Néanmoins, une virée dans la vieille grange d’Eastman garantit une belle soirée. En prime à la fin de la pièce, Marc-André Coallier invite le public à prendre un verre à la boîte à chansons Le Piano rouge, où les acteurs se rendent après s’être rapidement changés. Voilà une belle occasion de sympathiser et de raconter ses plus croustillantes histoires de golf!

Du mercredi au samedi jusqu’au 3 septembre, à 20 h
Au Théâtre La Marjolaine
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