Théâtre en plein air : Jouer dehors
Théâtre en plein air, un fructueux partenariat entre le Théâtre Répercussion et le Théâtre du Nouveau Monde.
Depuis le 14 juillet dernier, plusieurs parcs de la métropole et des environs, de Westmount à Rivière-des-Prairies, en passant par Morin-Heights, Saint-Hyacinthe et Châteauguay, ont eu le privilège de recevoir les versions savamment revisitées de deux classiques de la dramaturgie mondiale. Fruit d’une entente entre le Théâtre Répercussion, une compagnie anglo-montréalaise fondée en 1988 par l’acteur et metteur en scène Cas Anvar, et le Théâtre du Nouveau Monde, l’événement Théâtre en plein air est ce qu’il est convenu d’appeler une heureuse initiative.
En présentant L’Amour médecin, une comédie-ballet créée à Versailles en 1665, sept comédiens fraîchement sortis des écoles de théâtre font revivre le traditionnel Molière en plein air, une pratique estivale que le TNM avait dû suspendre en 2004 pour des raisons financières. Bien que les ingrédients qui ont fait la réputation du célèbre auteur soient de la partie – intransigeance des pères, roublardise des valets, satire féroce de la médecine -, la pièce offre somme toute bien peu d’intérêt. Avec une mince intrigue en guise de matière première, le metteur en scène Michel Bérubé – qui a dirigé Le Bourgeois gentilhomme au Centre d’art d’Orford en 2001 – n’avait probablement d’autre choix que d’agrémenter la représentation d’une suite de "numéros" à caractère forain. Ainsi, les acrobaties se succèdent, les anachronismes se multiplient et les genres – marionnettes, masques, danse, musique en direct, chant – se côtoient allègrement. Défendu par une distribution malheureusement très inégale, ce spectacle brille malgré tout par sa fraîcheur, son énergie débordante et ses airs des plus accrocheurs.
Avant même que le Midsummer Night’s Dream présenté par le Théâtre Répercussion n’ait véritablement débuté, on constate à quel point les membres de la troupe, ici dirigée par Kevin Orr, sont passés maîtres dans l’art du théâtre en plein air. Entretenant une irrésistible complicité avec le public, les acteurs jouent et chantent avec autant d’aisance en anglais, en français, en espagnol et même en cri. Ayant manifestement bénéficié d’un budget supérieur à celui de la production francophone – les costumes sont tout bonnement somptueux – leur relecture du Songe d’une nuit d’été impressionne fortement. Sans manquer de respect à Shakespeare, le spectacle créé l’an dernier effectue de savoureuses entorses à la version originale. Ainsi, transposés en Nouvelle-France, les fées et les elfes, ceux dont les envoûtements provoquent quelques bouleversements auprès des mortels, prennent des allures de divinités amérindiennes – un choix risqué qui opère à merveille. Truffée de chansons populaires des années 60, la représentation flirte souvent et agréablement avec la comédie musicale. Qui aurait cru qu’il soit possible de dénicher autant de magie, une nuit d’été, dans un parc près de chez soi?
Jusqu’au 20 août
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