Osez! : Entrechat et loup
Osez!, c’est l’occasion d’assister à l’éclosion en cinq jours d’une œuvre dansée. Décor: le quai de Saint-Jean-Port-Joli au coucher du soleil.
Avec l’enthousiasme qu’on lui connaît, Karine Ledoyen réussit depuis quatre étés à convaincre une bande de danseurs, avec chorégraphe et musiciens, d’aller faire du camping à Saint-Jean-Port-Joli. Cinq jours durant, pendant la Fête des chants de marins, ils créent le jour et se montrent le fruit de leur travail le soir. Les représentations ont lieu chaque soir à 19 h sur le quai, un lieu magique que Karine a toujours voulu exploiter. Souvenir d’enfance…
L’été dernier, le public a atteint les 450 personnes lors de la soirée de clôture. L’événement prend sans cesse de la vigueur. Pour une première fois cette année, les 16 danseurs, qui proviennent surtout de Québec et de Montréal, seront rémunérés. Et le financement de la cinquième édition est déjà assuré, se réjouit la productrice.
Dès la première journée de travail, le mercredi, les artistes doivent présenter une ébauche d’au moins 20 minutes. L’œuvre est ensuite étoffée et améliorée jusqu’au dimanche. L’instigatrice du projet a elle-même vécu l’événement à titre de chorégraphe (la première année), puis de danseuse. "Ce sont vraiment des grosses journées, dit-elle. Le fait d’avoir tout de suite un spectacle le jour même, ça demande une énorme concentration. Habituellement, un 20 minutes de création, ça demande un bon mois de travail!"
Son choix de chorégraphe pour Osez! 2005 s’est porté sur Lina Cruz, qu’elle apprécie pour son style racé et ses qualités techniques. La Montréalaise a un lien privilégié avec le milieu de la danse de Québec puisqu’elle vient régulièrement présenter son travail aux CorresponDanses. "Elle est très recherchée à Montréal; elle est capable d’amener ses danseurs là où elle veut… C’est vraiment quelqu’un qui prend le temps de travailler, de peaufiner. Elle est très méticuleuse dans son travail sur le mouvement."
Le premier réflexe de Lina Cruz fut de refuser net l’invitation: trop précipité comme processus! Mais le défi de la spontanéité l’a finalement tentée. Karine Ledoyen parie cependant que la chorégraphe arrivera à Saint-Jean-Port-Joli très bien préparée…
La musique aussi, il va sans dire, sera composée sur place. Cette mission sera pour une troisième fois celle de Mathieu Doyon et Éric Morin. "Ils sont habitués à la danse et ils sont capables de s’adapter très rapidement à un univers chorégraphique", explique la jeune productrice. Isolés du studio de danse par une vitre, ils peuvent observer les danseurs sans les déranger et ainsi travailler leur trame sonore au fil des indications du chorégraphe. Les années précédentes, les danseurs n’entendaient la musique qu’une seule fois avant d’affronter le public. Cette année? On verra…
En fait, pour Karine Ledoyen elle-même, ce sera une surprise, car elle donne toujours carte blanche à ses chorégraphes. "Osez!, je le compare à un gâteau: je le sais que ça va être un bon gâteau parce que je connais les ingrédients, qui sont les danseurs, le chorégraphe, les musiciens, mais je ne sais jamais quelle forme ça va prendre", conclut-elle, excitée.
Du 17 au 21 août à 19 h
Sur le quai de Saint-Jean-Port-Joli