Le Théâtre l'Ollonois : Voir des étoiles
Scène

Le Théâtre l’Ollonois : Voir des étoiles

Le Théâtre l’Ollonois propose un nouveau circuit théâtral retraçant l’histoire de l’humanité. Le concepteur Sylvain Lamy convie cette fois le public à explorer les terres du Centre de la nature de Laval.

Sylvain Lamy reste méconnu à Montréal. Bardée de prix, sa compagnie, le Théâtre l’Ollonois, diffuse pourtant depuis déjà sept ans ses circuits théâtraux interactifs dans la nature. "Ça faisait 15 ans que je rêvais d’un théâtre où peu de moyens artificiels sont utilisés", raconte le fondateur, également concepteur. "Lorsque j’écris une pièce, j’observe un site. Je prends la nature telle qu’elle est et je crée une histoire et un décor avec le respect des traces historiques qu’il y a dessus. J’appelle ça de l’écriture de site. Je ne suis donc pas une célébrité, on ne m’a pas vu à la télé. J’ai préféré mettre mes énergies dans le théâtre que je voulais faire."

Le Théâtre l’Ollonois a donc été l’instigateur du théâtre en rivière au Québec. Pour la pièce Le trésor inestimable, le public parcourait en effet près de trois kilomètres en canot et rencontrait plus de trente-cinq personnages durant le parcours. Des colons, des coureurs des bois, des sirènes sur les galets, le diable lui-même tapi dans un marais, tous s’unissaient aux Amérindiens. A ensuite suivi la pièce Le Grand Blanc, jouée depuis maintenant trois ans dans le bois en plein hiver. Celle-ci permet au public d’entrevoir des gnomes échoués au Québec après le passage des Vikings il y a des centaines d’années. Inutile de préciser que l’imaginaire de Lamy est foisonnant.

Pourtant, l’auteur et metteur en scène ne se contente pas d’inventer des univers fantastiques. Toujours préoccupé par l’aspect historique d’un lieu, Lamy se fait également une fierté de présenter des œuvres théâtrales en contact direct avec la nature. "Nous n’avons pas utilisé d’électricité en sept ans, soutient-il. De plus, le public est toujours le moteur de nos spectacles, car c’est lui qui se déplace. Membre de l’équipage dans la rivière, il marche en raquettes dans Le Grand Blanc. Il est toutefois important de préciser que nous ne sommes pas des écologistes qui décident de faire du théâtre. Nous sommes des gens de théâtre qui appuient une cause environnementale. Et nous faisons la promotion de l’histoire du Québec en même temps."

À LA BELLE ÉTOILE

Cet été, le Théâtre l’Ollonois poursuit dans la même veine et présente sa nouvelle création, nommée La Constellation de l’épée. Basant une fois de plus sa trame narrative sur la grande histoire de l’humanité, Lamy choisit cette fois l’angle scientifique. À l’histoire, s’ajoutent la géologie et l’astrologie. "Ces choix se sont imposés suite à des découvertes sur le lieu du Centre de la nature de Laval, explique Lamy. Il s’agit d’un parc où l’on retrouve des sources d’anciennes carrières. Il y a bien sûr le village qui regroupe une tannerie, des écuries, une petite église, un magasin général. Mais nous sommes surtout dans le trou d’une carrière dont on voit encore la falaise", explique celui qui a étudié l’aspect patrimonial du site en profondeur. "Le personnage du Capitaine Dubord est donc cette fois accompagné d’un géologue loufoque qui saura révéler l’histoire du lieu à rebours."

Parmi les autres personnages sur place, on retrouvera donc les frères maristes prenant possession des terres pour le collège, mais aussi les dirigeants d’une compagnie gérant une carrière. On y verra bien sûr les Amérindiens, à qui appartenait le lieu avant la colonisation. "En remontant encore davantage dans l’histoire, on y comprend que notre sol reste un vestige d’une matière en ébullition flottant dans l’espace, précise Lamy. Ça me permet de jouer avec l’observatoire sur place et de toucher à cette dimension."

Malgré un aspect pédagogique indéniable, les créations de l’Ollonois revendiquent leur théâtralité. "Nos pièces vont puiser dans le folklore, mais on ne se prend pas au sérieux. C’est un théâtre humoristique. Le capitaine Dubord et son acolyte forment un tandem fictif burlesque. Mais le fait d’être dans le décor naturel évoque un certain aspect ancestral qu’il me semble important de transmettre."

À l’ère de l’invasion de la technologie au théâtre, Sylvain Lamy défend une idéologie opportune. A l’image d’Ondinnok (on retrouve d’ailleurs l’acteur malécite Dave Jennis dans les deux compagnies), le Théâtre l’Ollonois nous permet une réflexion bienvenue sur les splendeurs et misères de notre civilisation.

Les 17 et 18 et du 23 au 25 août
Au Centre de la nature de Laval
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