Vincent Champoux : Le visiteur
Scène

Vincent Champoux : Le visiteur

Vincent Champoux est l’auteur de La Chambre d’amis, une pièce dont l’un des personnages est interprété soir après soir par différents comédiens. Et pas n’importe lesquels!

"Au début, il y avait un couple qui recevait quelqu’un, se souvient Vincent Champoux. Mais à un moment donné, je me suis rendu compte que mon invité n’avait rien à dire; il était juste présent. Alors j’ai pensé: "Et si cet invité n’était pas joué par le même comédien tous les soirs?"" Ainsi naissait le concept de La Chambre d’amis, pièce créée il y a sept ans et reprise aujourd’hui avec la participation de Normand Daneau, Sylvio-Manuel Arriola, Jean-Jacqui Boutet, Denis Bernard, Martin Genest, Maxime Denommée, Jacques Leblanc, Robert Lepage, Harold Rhéaume, Nicolas Létourneau, Emmanuel Bédard, Bertrand Alain et Renaud Paradis, qui se relayeront, d’une représentation à l’autre, pour interpréter un animateur radio en visite chez les gagnants d’un concours. Un couple volubile, qu’on apprendra à connaître à travers le tour guidé de son invraisemblable maison. "C’est un univers un peu absurde, commente le dramaturge et comédien, qui partage la vedette avec Édith Paquet. Comme la pièce était essentiellement une description des lieux, je me suis dit: "Je vais écrire quelque chose qu’on ne voit pas dans la vie."" Et ce décor excentrique, c’est au spectateur qu’il reviendra de l’imaginer, au gré des différentes lampes s’allumant et s’éteignant: "Je trouve que, symboliquement, c’est très intéressant, parce que, tout à coup, on met la lumière sur une pièce et c’est la lumière qui fait la pièce." Autant dire que le spectacle affirme un parti pris ludique, qui n’est cependant pas sans entraîner une réflexion sur le bonheur et la consommation.

Quant aux invités, ils ne connaîtront du texte que l’unique réplique qu’ils auront à dire et devront improviser en silence tout le reste de la représentation. "C’est une fête du théâtre, ça vient souligner le fait que ça n’y est jamais la même affaire d’un soir à l’autre, fait-il remarquer. Je veux que les gens soient dans le plaisir de l’accident, de l’inconnu et du fait de voir des comédiens vivre quelque chose sur scène." Pour cela, deux éléments semblent essentiels: une vision et une bonne capacité d’adaptation. "Stéphan (Allard) nous "coache" beaucoup. En fait, c’est comme s’il mettait en scène le scénario idéal, en sachant que ce n’est pas ce qui va arriver. Mais on a une direction, alors on peut bifurquer – parce qu’il faut être complètement ouverts à ce que l’invité amène. En même temps, et c’est ce qui est formidable, ça nous pousse à être ancrés dans le moment présent, parce que la personne à qui on dit le texte ne l’a jamais entendu et qu’on doit se nourrir de ses réactions", observe l’artiste. Il ajoute: "On travaille beaucoup sur le rythme et sur le naturel de tout ça." Voilà qui diffère d’avec la version de 1998, où le jeu était, selon lui, plus carré, voire caricatural. Désormais, ils cherchent plutôt à donner au public l’impression d’être voyeur. De même, la structure de l’œuvre a été retravaillée "de façon à ce qu’il y ait une montée dramatique, parce que c’est une comédie, mais une comédie de mœurs absurde… dramatique!" lance-t-il en riant. Que demander de plus?

Du 25 août au 14 septembre, du jeudi au dimanche
Au studio de création du Théâtre Périscope
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