Zap! le réel : Les nouveaux héros
Scène

Zap! le réel : Les nouveaux héros

Zap! le réel, c’est une fantaisie psychanalytique entre la bande dessinée et la réflexion sur l’art. Une entrevue avec Gaétan Nadeau, qui a créé la pièce avec Nathalie Derome.

Deux artistes underground, deux superhéros. Pendant que Gaétan et Nathalie tentent de se déprendre des ficelles d’une création, Nat Mosphère et Super Gland viennent à leur rescousse. Avant de parler de théâtre, on peut d’ailleurs consulter – pas indispensable – le site Internet www.nathaliederome.qc.ca pour suivre le photo-roman BD des Aventures de Nat Mosphère et Super Gland. "Au début, le site devait servir de support promotionnel. Petit à petit, c’est devenu une véritable création parallèle. Nous nous sommes pris au jeu, à scénariser véritablement. Cette folie a vraiment nourri le processus de création du spectacle."

L’histoire présente donc deux artistes qui se posent des questions existentielles. De leur inconscient surgiront leurs doubles: les superhéros. "C’est en essayant de répondre nous-mêmes aux questions (est-ce que la Ville protège les artistes? La discipline est-elle essentielle à la recherche? L’art est-il fait pour provoquer?) que le concept s’est articulé. Je pense que ces questions sont pertinentes, qu’elles ne sont pas seulement liées à notre propre univers et à notre propre matériel; je crois qu’elles peuvent rejoindre beaucoup de monde." Pour Nadeau, le défi est toujours le même: "Peut-on accoucher scéniquement d’une parole qui est personnelle et à la fois pertinente et universelle, une parole qui peut toucher le public?"

La pièce, sous des dehors quasi psychotroniques, ratisse large et descend assez profondément dans la réflexion: "J’espère que les gens vont rire, mais je dois dire que le dialogue entre les images des superhéros (en virtuel) et nous, les comédiens live sur scène, se fait avec notre surmoi. Le surmoi étant le superhéros, celui qui juge. Ces héros sont nos ego magnifiés. C’est un spectacle sur l’image de soi, sur la perception que les gens ont de nous-mêmes." La pièce est aussi l’occasion de faire le bilan d’une longue collaboration: "On voit les aléas d’une création et, surtout, le constat de nos 20 ans, Nathalie et moi, dans nos processus réciproques en tant qu’artistes issus de l’underground."

L’underground, la marge, la contre-culture, ils connaissent. "Le seul luxe qu’on s’offre, c’est la liberté de création. Est-ce que ça a un prix? En tout cas, ça se paye!" C’est dans un tel contexte qu’ils arrivent à se réaliser. "Dans l’underground, en continuant d’évoluer avec des gens qui étaient sur la ligne de front à mes débuts, je puise ma vitalité créatrice. C’est là que la sève prend toute sa substance. Ma démarche personnelle se puise dans une forme hybride, ou mutante, où il y a une confrontation, un choc esthétique. Dans ce chaos, dans les différentes perceptions d’un même médium, on trouve parfois de nouvelles approches…"

Du 7 au 17 septembre
À Espace libre
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