Eric Jean : Péril en la demeure
Scène

Eric Jean : Péril en la demeure

Eric Jean confie: "Je viens du Lac-Saint-Jean, où il y a de vastes horizons. Maintenant que je vis à Montréal, le théâtre est pour moi une façon de me donner un horizon, et d’en suggérer un aux gens avec qui je travaille."

Cet horizon s’ouvre ces jours-ci, pour le metteur en scène, sur l’univers mystérieux créé par Anne Hébert dans Les Enfants du sabbat, roman qu’a adapté, pour le théâtre, l’auteur Pascal Chevarie.

Les Enfants du sabbat raconte l’histoire de sœur Julie de la Trinité, novice au couvent des Dames du Précieux-Sang. À la veille de prononcer ses vœux, la jeune femme est en proie à des visions qui la troublent, et bientôt sèment l’effroi dans tout le cloître: imagination, maladie, souvenirs ou… intervention du diable?

"Dès que j’ai commencé à lire Anne Hébert, explique Eric Jean, j’ai été fasciné par tout le travail d’introspection, la richesse intérieure des personnages qu’on trouve dans ses œuvres. Dans Les Enfants du sabbat, j’ai tout de suite été frappé, en plus, par une certaine théâtralité. Ça se passe dans un couvent, et dans une forêt; il est question de religion, de sorcellerie. Dans les rituels de la religion, dans ceux de la sorcellerie, loge, bien sûr, une grande théâtralité. Je me disais: "Pourquoi ne pas essayer d’en faire un objet théâtral?" Je trouvais qu’il y avait là une matière intéressante, mais aussi pertinente. Car aujourd’hui, on assiste, en quelque sorte, à un retour vers un genre de conservatisme religieux: toutes sortes de sectes apparaissent, on sent que les gens ont une volonté de s’associer à une religion, à une doctrine. C’est aussi un roman qui parle beaucoup de la liberté: la liberté de penser, la liberté d’être, ce qui est aussi tout à fait d’actualité. "

Tout en plongeant dans le fantastique, Les Enfants du sabbat peint une société traditionnelle, refermée sur elle-même, et le désir de s’en affranchir. Le roman montre aussi des êtres aux prises avec de violents combats intérieurs. "Ce qui me paraît le plus important dans cette histoire, c’est la dualité, au sein de plusieurs personnages, mais surtout au sein du personnage de Julie: elle s’est offerte en sacrifice pour le salut de son frère Joseph, parti à la guerre, par loyauté ou par amour pour lui, elle se retrouve dans ce couvent où elle se débat avec ses démons intérieurs, avec son passé. C’est aussi un suspense intrigant: on est vraiment happé par l’histoire, et on a envie de savoir ce qui va arriver."

Pour Eric Jean, fondateur de Persona Théâtre, directeur artistique du Théâtre de Quat’Sous, le travail de mise en scène se fait, ici, de façon plutôt symboliste, par l’évocation, notamment, des lieux, du passé. Sensible aux espaces, il travaille en s’inspirant de ces ressources que sont le décor mais aussi, le corps des comédiens, la musique. "Je travaille beaucoup sur le terrain, de façon instinctive. Ensuite, seulement, j’explique. C’est très particulier, et très stimulant."

Eric Jean travaille avec les comédiens Yves Amyot, Marie-Josée Bastien, François Bertrand-Prévost, Véronique Côté, Denise Gagnon, Linda Laplante, Annie LaRochelle, Myriam LeBlanc, Roland Lepage, Klervi Thienpont, Réjean Vallée et les concepteurs Michel Gauthier, Catherine Higgins, Sonoyo Nishikawa, Mathieu Gatien, Élène Pearson et Hélène Rheault.

Du 13 septembre au 8 octobre
Au Trident
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