Festival Zones théâtrales : Zones de turbulence
Scène

Festival Zones théâtrales : Zones de turbulence

Rencontres avec les metteurs en scène des pièces présentées dans le cadre du Festival Zones théâtrales

Requiem pour un trompettiste

de Claude Guilmain
Création du Théâtre de la Tangente, Toronto

Rencontre avec l’auteur et metteur en scène, Claude Guilmain

La pièce, en quelques mots: "Passionnante, palpitante, je ne sais pas. J’ai beaucoup de difficulté à répondre à une question comme ça, parce que c’est mon texte, ma mise en scène…"

La genèse: "À l’origine… Je dirais la frustration de voir les politiciens, les gens au pouvoir, sur qui on devrait être capables de compter pour notre bien-être, se laver carrément les mains de leur responsabilité… De voir quelqu’un comme Mike Harris passer ses journées sur le terrain de golf alors que des gens sont encore malades à Walkerton."

Les influences: "La recherche esthétique et artistique; on peut dire film noir dans ce cas-ci. Sweet Smell of Success ou Chinatown de Roman Polanski, qui est vraiment dans le genre et qui parle de corruption au niveau de la politique municipale de Los Angeles dans les années 30."

L’intention: "On peut bien avoir les idées qu’on veut, ça n’a pas beaucoup d’influence, alors ce serait quand même intéressant que ça puisse faire réfléchir un petit peu, sur la politique et sur la situation dans laquelle on vit en ce moment. Des fois, c’est d’une absurdité… juste, par exemple, la réélection de George Bush ou de Mike Harris après tant de ravages. Et le citoyen, monsieur, madame tout le monde, se fait quand même avoir… par des stratégies de peur, de la propagande. Moi, ça me jette à terre; je n’arrive pas à comprendre que des gens puissent ne pas voir à travers leur petit jeu." Les 8 et 9 septembre au Studio du CNA.

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Cow-boy poétré
de Kenneth Brown, traduction de Laurier Gareau
Création de l’Unithéâtre, Edmonton

Rencontre avec l’idéateur et metteur en scène, Daniel Cournoyer

Photo: Ed Ellis

En quelques mots: "Un rodéo de la vie sur la toile du rodéo contemporain professionnel. La matière provient de chez nous, ça a été une recherche, on a découvert plein de choses, on a eu une belle expérience."

La genèse: "Cow-boy poétré est né d’une tournée en région il y a quatre ans où je partageais une idée de texte… Je parlais d’une forme de poésie, la cow-boy poetry, puis de la perte de l’identité francophone à travers ce monde de rodéo professionnel qui est plutôt anglophone. Des réflexions ont suivi et en assemblant une équipe de création, j’ai vite vu que ça me prenait quelqu’un de l’Ouest pour écrire cette pièce."

Les influences: "Du côté de ma mère, j’ai une longue lignée de cow-boys qui font de la course au chuck wagon. (…) L’autre source d’inspiration, c’est le championnat canadien de cheval sauvage avec selle… Il y a aussi Roger Lacasse qui vient de Mirabel, un des seuls cow-boys québécois que je connais qui a réussi dans l’Ouest dans ce sport-là. (…) Autre source d’inspiration, l’histoire d’Ernest Dufault, alias Will James, un célèbre écrivain et artiste visuel western qui ne voulait pas utiliser son vrai nom et avouer qu’il n’était pas originaire de l’Ouest américain, mais Québécois, sinon il aurait perdu toute sa crédibilité."

L’intention: "On amène le monde au rodéo, c’est un peu le rodéo de la vie, the rodeo of life, comme on dirait." Les 9 et 10 septembre à la Nouvelle Scène.

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Bizzarium: un cryptozoo
de South Miller, Jacob Brindamour et Sylvain Longpré
Création des Sages Fous, Trois-Rivières

Rencontre avec un des créateurs, Jacob Brindamour

Photo: Les Sages Fous

En quelques mots: "C’est un théâtre forain de marionnettes sauvages. Des mots pour le qualifier? Étrange, bizarre… (Après avoir consulté sa collègue) Aquatique et entomologique."

La genèse: "La genèse du spectacle, c’est une recherche sur les cabinets de curiosités et une étude de cryptozoologique. En fait, on s’intéresse à la cryptozoologie en ce moment, qui est l’étude des créatures qui n’ont pas encore été découvertes par la science. Donc, c’est comme un cryptozoo ambulant."

Les influences: "C’est une rencontre entre le masque et la marionnette dans la rue. Donc, nos influences, c’est le saltimbanque, le théâtre forain, le théâtre de rue. (…) On fait de l’archéologie onirique, c’est-à-dire qu’on est à la recherche de nos propres rêves, donc c’est assez personnel."

L’intention: "Transformer l’espace urbain. Entraîner dans un autre univers.

Plonger à 80 milieux sous les mers." Les 10 et 11 septembre au Parc de la Confédération. Gratuit.

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L’Homme invisible/The Invisible Man
De Patrice Desbiens
Création du Théâtre de la Vieille 17, Ottawa

Rencontre avec un des metteurs en scène, Roch Castonguay

Photo: Mathieu Girard

En quelques mots: "Particulier. On a essayé de faire sortir des langages, la vision de l’auteur… Comment est-ce que la langue peut, en elle-même, changer ta place, sans changer l’événement, sans en changer sa perception…"

La genèse: "J’ai connu ce texte avant qu’il ne soit publié. Des feuilles "lousses"… Dans les années 80, on faisait une animation et on avait pris quelques textes comme ça. Je l’avais entendu, mais jamais d’un bout à l’autre. Et voilà quatre ou cinq ans, j’ai décidé de le monter. La genèse s’est faite dans un petit hôtel de Bourget, puis ça a été transféré à la Vieille 17…"

Les influences: "Je ne le sais pas. Je n’ai pas pensé à ça. Les influences, on s’est servis du texte comme tel, on s’est baignés dans certaines années. On s’est placés dans le California Dreaming des années 60. Les influences sont venues de tout bord tout côté à la table…"

L’intention: "L’intention, c’était d’être au service des mots. Et pour tout le monde. Vraiment dans ce sens-là. C’était de servir le texte, pour qu’il soit le plus à jour possible." Les 11 et 12 septembre à la Cour des arts

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Laxton
de Rhéal Cenerini
Création du Cercle Molière, Winnipeg

Rencontre avec la metteure en scène, Geneviève Pelletier

En quelques mots: "Laxton, c’est une ville imaginaire. C’est l’histoire d’un peuple qui s’est fait chasser et, 100 ans plus tard, revient pour trouver vengeance. (…) C’est la perte de l’innocence."

La genèse: "C’est un texte qui a été écrit en anglais au début par un auteur franco-manitobain prolifique qu’on a beaucoup joué ici. On a vraiment été intrigués par cette pièce qui se vit à l’intérieur d’un temps réel dans une forme un peu antique, avec des chœurs… Ça traite de la dissémination des Incas, des Amérindiens en Amérique du Nord, du cycle de violence dans l’humanité… C’est quelque chose qui m’inspirait beaucoup à cause de ce que je vivais dans ma vie personnelle à ce moment-là."

Les influences: Beaucoup de mon inspiration est venue de l’auteur, et de l’extérieur, des gens d’ici. J’ai fait le laboratoire de Wadji Mouawad, aussi, l’année dernière au Centre national des Arts, ça m’a beaucoup inspirée. J’ai fait comme d’habitude: une synthèse de la culture qui me prend, qui me poigne, et puis, je mets ça ensemble et je fais avec ce que j’ai. C’est sûr que, dans le jeu, la tradition du Cercle Molière aussi s’est imprégnée dans mon travail."

L’intention: "Comment dire? J’avais beaucoup d’idées fixes au début. J’en étais venue à quelque chose d’assez solide en soi, avec les concepts que l’on avait mis ensemble… Mais quand je suis arrivée en répétition, il y a quelque chose qui s’est passé avec les comédiens, les musiciens, avec la réalité du moment, qui fait en sorte que le spectacle a évolué, a éclos. On est allés beaucoup plus loin que j’avais prévu." Les 12 et 13 septembre au Studio du CNA.

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Le Testament du couturier
de Michel Ouellette
Création du Théâtre La Catapulte, Ottawa

Rencontre avec le metteur en scène, Joël Beddows

Photo: François Dufresne

En quelques mots: "Contemplative, lumineuse. J’aurais tendance à dire drame futuriste…"

La genèse: "Ça a été la rencontre avec un texte que je ne pensais pas pouvoir monter, donc c’était le défi. Je pense que pour Annick [Léger, comédienne], c’était ça aussi. C’était l’aspect "on joue le tout pour le tout". Quand j’ai lu le texte pour la première fois, je ne comprenais pas. C’était l’aspect énigmatique du texte qui m’a frappé. J’adore les énigmes et ce texte en est un. Et plutôt que d’essayer de la résoudre, je l’ai partagée."

Les influences: "Dans la mise en scène, le travail de Brigitte Haentjens, le travail de Denis Marleau sont très présents. Du côté littéraire, c’est bizarre, il y en a deux qui me reviennent sans cesse: George Orwell, pour des raisons évidentes, mais l’autre qui est un peu moins évident, c’est Claude Gauvreau, parce que la pièce réclame le droit d’être automatiste. Il faudrait que je parle de peintres aussi parce qu’il y en a eu deux qui étaient omniprésents: il y avait Riopelle et Roméo Savoie."

L’intention: "De créer un univers par l’évocation. C’est que le sens, en tout moment, devrait être évoqué et non illustré. J’essaie d’éviter à tout prix l’illustration et j’ai tenté sciemment de laisser autant des pistes de réflexion ouvertes. Je n’ai pas cherché à cantonner le texte dans un seul sens, j’ai essayé de préserver toutes les lectures possibles. J’ai horreur du théâtre qui illustre, qui cherche à diminuer le potentiel d’un texte dans une mise en scène qui limite. J’adore le théâtre qui évoque parce que ça nous incite à rêver." Les 13 et 14 septembre, à la Salle Jean-Despréz

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Portrait chinois d’une imposteure
de Dominick Parenteau-Lebeuf
Création du Théâtre français de Toronto, Toronto

Rencontre avec la metteure en scène, Paule Baillargeon

En quelques mots: "C’est l’histoire d’une auteure dont la pièce va jouer ce soir-là et qui passe à la télévision. Et pendant qu’elle passe à la télévision, sa pièce joue dans sa tête. (…) C’est une pièce profonde, jubilatoire et comique."

La genèse: "La rencontre avec le texte, c’est quand je l’ai entendu pour la première fois en travail de mise en lecture, parce qu’avec Dominick Parenteau-Lebeuf, il faut entendre, c’est très important. La première fois que j’ai entendu la pièce, je peux dire que je l’ai découverte."

Les influences: "Mon inspiration vient directement du Grand Cirque Ordinaire qui a été mon école à moi. C’est là que j’ai tout appris dans ma jeunesse, donc c’était à la fois festif et douloureux, comme quand on est jeune. Mais ça nous reste aussi comme quand on est jeune."

L’intention: "Mon intention, c’était la clarté. C’était de rendre la pièce de Dominick claire. Que quand on sort de là, on a vu, on a reçu et on a compris. Parce qu’elle n’est pas simple, cette pièce. Mais finalement, elle est plus simple qu’on le croit. C’était mon travail et je l’ai fait avec beaucoup de simplicité et de bonheur." Les 14 et 15 septembre, à La Nouvelle Scène

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Le Christ est apparu au Gun Club
D’Herménégilde Chiasson
Création du théâtre l’Escaouette, Moncton

Rencontre avec le metteur en scène, Andreï Zaharia

Photo: Marc Paulin

La pièce, en quelques mots: "C’est une pièce sur le merveilleux de la foi dans l’univers populaire. Elle est surprenante, postmoderne et très attachante."

La genèse: "Depuis 1991, j’avais voulu monter Laurie ou la Vie de galerie [du même auteur] et, en 1998, Marcia Babineau me l’a proposée… Le spectacle a eu un énorme succès, au-delà de 200 représentations. Alors, le nouveau texte du Christ, on me l’a proposé naturellement, j’étais déjà familier et empathique avec l’univers d’Herménégilde. En plus, on s’était connus entre-temps et Hermé savait que j’étais très préoccupé par les problèmes de la spiritualité, de la religion."

Les influences: "Le metteur en scène qui m’influence le plus par ses idées, c’est Peter Brook. Sinon, les influences me viennent par le texte, par les comédiens, par le contact des gens, mais aussi par l’univers de mes préoccupations. Je suis très préoccupé par la spiritualité, par Dieu, je suis même étonné que l’on traite de ces sujets avec une certaine altérité. On considère que c’est tout à fait normal de vivre dans le noir et de ne pas explorer cette perspective merveilleuse que les siècles ont ouverte devant nous. Je suis de plus en plus convaincu que la connaissance, la vraie, n’est pas scientifique, mais qu’elle apparaît par révélations."

L’intention: "J’ai tout simplement développé une immense sympathie vis-à-vis du personnage central, et j’ai pensé souvent à la chanson de Jacques Brel: "Il y en a au cœur si tendre". Il me semble que la recherche de la foi et la tendresse du cœur vont de pair et ceux qui sont dans ce cas n’ont pas du tout la vie facile et ne sont pas souvent compris. Comme Herménégilde, je n’ai pas jugé ces personnages, je les ai tout simplement aimés beaucoup." Les 15 et 16 septembre à la Cour des arts.

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Murmures
d’Emma Haché
Création du Théâtre populaire d’Acadie, Caraquet

Rencontre avec le metteur en scène, Jean-Stéphane Roy

En quelques mots: "C’est un oratorio poétique… Des mots pour l’évoquer? Féminité, fatalité, poésie…"

La genèse: "Pour moi, c’est la rencontre avec le renouveau acadien. Ce que j’appellerais le post-Sagouine (rires). On parle de la réalité des régions canadiennes; moi, je me promène un peu partout dans le pays et je pense qu’il est primordial qu’il y ait une culture qui se développe, qui soit propre, et non une imitation du Québec."

Les influences: "Je dirais qu’aujourd’hui, c’est rendu un langage personnel. Mais mes influences, ça a été Brassard au niveau de la mentalité du théâtre, Lepage au niveau de la pratique, Robert Wilson au niveau du symbole et de l’image, Maïakovski… Tous ceux qui sortent un petit peu de l’ordinaire m’ont inspiré, en fait. Parce que je trouve que l’important en théâtre, c’est de transcender le quotidien, et non de l’imiter."

L’intention: "L’écriture d’Emma est très évanescente, elle n’est pas "groundée". Les situations le sont, mais pas sa langue, alors c’est un niveau de jeu très particulier à trouver entre le psychologique et le formel. (…) Ça traite d’un lazaret, ce mur derrière lequel on mettait les lépreux pour s’en éloigner. Et ici, en Acadie, il y en a eu un. C’est inspiré de ce fait historique connu de tous les Acadiens. C’est un peu la honte de leur passé, et avec le 250e de la Déportation, il y a comme une plaie qui se rouvre. Puis, je trouve que c’est exactement le bon moment de la faire, cette pièce, pour justement laisser respirer la plaie au lieu de la cacher et de ne plus jamais la voir." Les 16 et 17 septembre au Studio du CNA.

Festival Zones théâtrales
Du 8 au 17 septembre
zones.nac-cna.ca