La Chambre d'amis : Trouvailles à la chaîne
Scène

La Chambre d’amis : Trouvailles à la chaîne

Dans La Chambre d’amis, il n’y a pas que les comédiens qui se paient la traite, le public aussi s’amuse. Sous le signe de la spontanéité, de l’imagination et de l’humour.

Alors que les spectateurs finissent de prendre place dans le petit studio de création, délimité comme la scène par de grands pans de plastique transparent, l’invité – dans ce cas-ci Jacques Leblanc – se place à l’avant pour attendre le début de la représentation, mi-timide, mi-fébrile. Autour de lui, le décor prend des airs de chantier de rénovation, avec son plancher recouvert de cartons, ses pots de peinture, ses murs laissant voir la laine minérale, etc. Puis, les lumières s’éteignent et un projecteur se braque sur le comédien, tandis qu’une feuille descend du plafond. Il s’agit d’un mot de présentation, qui spécifie notamment les termes du contrat: il a accepté de jouer le rôle principal d’une pièce qu’il n’a jamais lue et dont il ne connaît que l’unique réplique qu’il aura à dire. C’est alors que la partie commence. Ses hôtes, interprétés par Vincent Champoux et Édith Paquet, viennent l’accueillir à la porte de leur demeure et l’entraînent dans un tour du proprio, depuis le portique jusqu’à la chambre d’amis, en passant entre autres par l’établi, la salle de bain et la garde-robe. Devant son mutisme, d’abord approbateur (ou désapprobateur), puis plus malicieux, ils parleront de tout et surtout de rien, se révélant au gré de l’ouragan qui fait rage à l’extérieur, jusqu’à une finale où le drame culmine de manière imagée.

S’il est une caractéristique pour définir ce spectacle, c’est bien son ludisme, présent tant dans le texte de Champoux, qui raconte une histoire et provoque le rire en jonglant avec des formules creuses, que dans la mise en scène de Stéphan Allard, faisant appel à l’imagination du spectateur pour suggérer, par le mime et quelques accessoires, grandeur et mouvement au sein d’un espace restreint. Sans compter que l’interprétation y devient un véritable jeu, alors que les acteurs se lancent la balle et s’amusent même avec le public, qui fait partie du décor. Constamment interrogé ou poussé à agir et ne pouvant s’exprimer que par rires, exclamations ou signes, l’invité se livre ainsi à un captivant tour de force. Et c’est évidemment lorsque survient l’inattendu que le plaisir est à son comble. Autant dire qu’on assiste ici à un feu roulant de temps forts, à travers une succession de tableaux punchés où l’humour donne dans l’absurde et les traits d’esprit, comme dans le comique de situation. Bref, impossible de s’ennuyer!

Jusqu’au 11 septembre
Au studio de création du Périscope
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