L'Agora de la danse : Furies-bonds
Scène

L’Agora de la danse : Furies-bonds

L’Agora de la danse ouvre sa saison 2005-2006 avec Furies Alpha 1/24, le fruit d’une collaboration entre les compagnies Montréal Danse et Création Caféine.

Il n’est pas donné à tous les chorégraphes d’ici de pouvoir créer une pièce de groupe et la présenter dans quelques villes, voire quelques pays. Because: ça coûte la peau des fesses d’emmener une troupe en tournée. Cachets, per diem, hôtels, billets d’avion, de train, d’autobus, etc. Parlez-en à Guy Cools, de l’ex-Fondation Jean-Pierre-Perreault… ou encore à Dave St-Pierre, qui a tout récemment dû annuler certaines représentations de sa bouleversante Pornographie des âmes à l’étranger, faute de ressources financières suffisantes.

POUR UN PARTENARIAT CONSTRUCTIF…

Le truc pour faire face à ce genre de situation, selon Kathy Casey, directrice artistique de Montréal Danse que nous avons jointe en entrevue, c’est la formule des collaborations entre compagnies de danse (ou autres): "En unissant financièrement nos forces, nous nous donnons la possibilité de faire évoluer nos créations vers certains horizons qui, autrement, ne seraient pas envisageables."

Pour Estelle Clareton que nous avons également rencontrée, travailler avec Montréal Danse signifie la réalisation d’un vieux rêve, soit celui de faire danser, sur scène, un groupe de danseurs: "On est souvent confronté, comme chorégraphe, à ne faire que des solos ou des duos, parce que ça coûte moins cher à produire. Or, il est nécessaire à notre émancipation d’avoir l’occasion de composer avec plus de deux ou trois corps seulement, car l’expérience est tout à fait différente." Furies Alpha 1/24 sera donc, au grand plaisir de la chorégraphe et directrice artistique de Création Caféine, une pièce de groupe dansée par six bêtes de scène fournies par l’écurie Montréal Danse: Maryse Carrier, Elinor Fueter, Annik Hamel, Benoît Leduc, Frédéric Marier et Peter Trosztmer.

LE PROCESSUS: UN TRAVAIL D’ÉQUIPE

"J’avais envie que la chorégraphie sorte de moi et que les danseurs me suivent, raconte Estelle Clareton. Lors des premières répétitions, j’étais totalement déchaînée. Je me lançais partout, au grand dam de mon pauvre corps… et eux me suivaient avec une sorte de faim insatiable qui me donnait des ailes. À partir de ces quelques phrases gestuelles créées sur le vif, nous avons développé ensemble un texte essentiellement formel. Ils ont très rapidement digéré la matière que je leur donnais pour ensuite générer énormément de matériel. Ce qui fait qu’en peu de temps, nous avions l’essentiel de la pièce, mais il fallait alors élaguer…"

Pour lui prêter main forte au cours de ce travail de polissage structurel, plusieurs personnes-ressources possédant chacune des qualifications bien particulières ont été appelées. C’est à ce compte que son "bras droit" Kathy Casey a tenu le rôle de conseillère artistique et que la dramaturge Stéphanie Jasmin est intervenue sur l’aspect sémantique de l’œuvre. "J’ai eu la chance d’être accompagnée par une équipe efficace et complète tout au long du processus. C’est la première fois que je me permets ce genre de fonctionnement. De même que c’est la première fois que je me donne comme défi d’engendrer ma gestuelle à partir d’une trame sonore qu’un compositeur aura créée à cette fin." C’est ainsi que le comédien et musicien Éric Forget a participé au processus de création, en construisant progressivement la trame sonore en bordure du chantier chorégraphique.

Mais il ne faut pas oublier – parce qu’une création dansée sur une scène théâtrale implique presque toujours ces éléments scénographiques – la contribution du concepteur d’éclairage Thomas Godefroid et du peintre François Vincent, qui s’est vu offrir le contrat de la scénographie et des costumes. "Avec Thomas, nous nous sommes concentrés davantage sur la création d’états lumineux, et non de formes géométriques, comme nous le faisions auparavant. Quant à François, il a créé des vêtements auxquels il a ajouté de la peinture. Un mélange classique et actuel. Selon moi, c’est simple et efficace, comme la pièce!"

PARLONS DU MÉTIER!

En "à côté" des soirées de représentation et sur l’initiative d’Estelle Clareton, une table ronde sur le thème du "métier de créateur" sera organisée le samedi 17 septembre à 11h, dans le labo de l’Agora. Les invités: Wajdi Mouawad (qui parlera de l’engagement de l’artiste), George Leroux (intéressé par la philosophie de la création), Denise Therrien (animation), etc. C’est gratuit et ouvert à tous!

Du 14 au 17 et du 21 au 24 septembre
À l’Agora de la danse
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