Tout Shakespeare pour les nuls : Drôle de répertoire
Scène

Tout Shakespeare pour les nuls : Drôle de répertoire

Tout Shakespeare pour les nuls, une percée aussi grotesque qu’imaginative dans le répertoire du grand Will.

Sous la houlette de Jean-Guy Legault, les comédiens Jean-Michel Anctil, Simon Boudreault et Éloi Cousineau relèvent un périlleux défi. Tout Shakespeare pour les nuls est l’œuvre d’Adam Long, Daniel Singer et Jess Winfield, des acteurs états-uniens réunis au cours des années 80 sous la bannière de la Reduce Shakespeare Company (un pied de nez à la très réputée Royal Shakespeare Company).

Durant quelque 90 minutes, les trois protagonistes de cette épopée burlesque s’escriment à "résumer", de manière bien peu orthodoxe, l’intrigue des 37 pièces attribuées au dramaturge élisabéthain. Tout y est convié, des comédies aux tragédies, en passant par les drames historiques, sans oublier les sonnets et les textes apocryphes. Au-delà de son caractère irrévérencieux ou iconoclaste, le spectacle dégage un authentique amour du jeu, celui de l’acteur aussi bien que celui de l’enfant. Dans cet enchaînement de numéros parodiques et contrastés, Shakespeare n’est somme toute qu’un prétexte. Un fort habile prétexte, mais un prétexte tout de même. Ainsi, les intrigues shakespeariennes servent de rampes de lancement aux prouesses des comédiens. À la hauteur de la situation, Anctil, Boudreault et Cousineau démontrent rigueur et polyvalence. Aidés d’astucieux costumes (Ginette Grenier) et d’éloquents accessoires (Jonas Veroff Bouchard), les performeurs multi-instrumentistes se métamorphosent à un rythme affolant.

Optant pour une simplicité scénographique on ne peut plus efficace – une ingénieuse tente-roulotte conçue par Richard Lacroix -, Jean-Guy Legault a mis en place un dispositif aux mécanismes implacables. Ancrée dans l’actualité, truffée de judicieuses références québécoises, l’adaptation qu’il a signée à partir du texte original est particulièrement inspirée. Si les thèmes de prédilection du spectacle – sang, sexe et sport – ne le guident pas vers la plus grande des finesses intellectuelles, les échanges ne manquent pas de mordant. Initiation farfelue au théâtre du grand Will, Tout Shakespeare pour les nuls atteste que le mélange des genres n’a pas fini de déclencher le rire.

Le 14 septembre à 20 h
À la salle Maurice-O’Bready
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