Hélène Pedneault et Brigitte Poupart : Si la tendance se maintient
Scène

Hélène Pedneault et Brigitte Poupart : Si la tendance se maintient

Hélène Pedneault et Brigitte Poupart présentent une Semaine de théâtre politique à l’Espace GO, une occasion de renouer avec une dramaturgie québécoise oubliée, porteuse de notre histoire collective.

Françoise Loranger, Jacques Ferron, Roland Lepage… Force est de constater que la plume politique des années 60 à aujourd’hui est souvent mise de côté au sein des programmations officielles comme des programmes d’éducation. Mandatées par le Conseil de la souveraineté du Québec, Hélène Pedneault et Brigitte Poupart ont plongé dans cette dramaturgie endormie afin d’en faire revivre des extraits sur les planches de l’Espace GO.

À la suite de leur lecture assidue du répertoire se sont imposées sept soirées basées sur des thèmes récurrents, soit la rébellion des patriotes, la colère des années 70, l’identité, la langue et les référendums. "Ce qui est intéressant, c’est que la semaine prendra sept formes différentes, explique Brigitte Poupart, visiblement galvanisée par ses découvertes. Nous avons permis aux sept metteurs en scène de faire leur propre montage selon les piles de textes que nous leur avons remis."

La première soirée, sous la gouverne de Diane Dubeau, rendra hommage au dramaturge Jean-Claude Germain, présentateur de chacune des lectures de la semaine. La dernière soirée permettra à 12 jeunes dramaturges de livrer eux-mêmes des textes inédits sur l’actualité québécoise. Un tréteau libre qui est le bienvenu dans une conjoncture réclamant la prise de parole de ses artistes.

À ce propos, la directrice artistique de l’événement ne nie pas l’actuel désintéressement de la société. "Nous avons ressenti un besoin de raviver la flamme politique mais également un désir de faire connaître un peu plus ce répertoire québécois peu connu. Pourtant, ces pièces sont encore d’actualité! Notre histoire est très courte, le combat est donc le même aujourd’hui qu’au temps des patriotes. Un combat, bien sûr, qui a pris un autre langage, qui se complexifie. Ce n’est plus juste une querelle entre Anglais et Français. Mais c’est intéressant d’en voir la progression pour comprendre d’où on vient. Surtout qu’on y voit notre histoire à travers non pas le point de vue d’un historien mais à travers celui d’un artiste."

Chaque soir, le public sera aussi invité à participer à une discussion en compagnie d’invités concernés par le thème abordé. "Après avoir vu comment Dominic Champagne voit la cellule terroriste dans sa pièce La Cité interdite, il sera intéressant de savoir, par exemple, comment Jacques Cossette-Trudel, qui l’a réellement vécue de l’intérieur, se sent par rapport à ces personnages-là." Brigitte Poupart signe d’ailleurs cette soirée placée sous le thème de la colère d’octobre 70. "Je tenais à ce que l’auteure Andrée Ferretti, emprisonnée lors du soulèvement, soit également sur place. On pourra donc poser des questions directes et confronter le fait historique à l’art. Je tenais aussi à avoir le point de vue d’une femme sur cet événement souvent raconté et analysé par des hommes."

Bref, une semaine qui promet autant d’émerveillement que de discussions. "Je ne voulais pas que ce soit un manifeste pendant une semaine, soutient Poupart. L’artiste doit poser des questions, il peut être critique, faire de l’humour, être irrévérencieux. Il est évident que le Conseil de la souveraineté ne cautionne pas le discours fédéraliste, mais je tenais à ce que nous ayons l’occasion d’être ébranlés dans nos convictions. De toute façon, les pièces permettent justement ce que je cherche à provoquer. Non pas une dictature, non pas du militantisme, mais bien une réflexion commune…"

Du 19 au 25 septembre
À l’Espace GO
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