Zap! le réel : Et moi, et moi, et moi
Scène

Zap! le réel : Et moi, et moi, et moi

Avec Zap! le réel, Nathalie Derome et Gaétan Nadeau signent une fantaisie psychanalytique un peu décevante.

Il faut dire que la barre était haute. Au cours des dernières années, Nathalie Derome a donné naissance à certaines des plus extravagantes et stimulantes manifestations artistiques montréalaises. Avec Les 4 ronds sont allumés, Du temps d’antennes et Les Écoutilles, elle a su récuser la plupart des conventions scéniques existantes. Objets multidisciplinaires, ses spectacles empruntent toutes les avenues – performance, installation, théâtre, vidéo, musique, chant – afin d’engendrer un discours poétique absolument unique. Ces jours-ci, l’inclassable créatrice retrouve Gaétan Nadeau, un vieux complice, pour faire le point sur son art et sa pratique. Grâce à Zap! le réel, les deux artistes procèdent au bilan de 20 ans de création en marge.

Des personnages de bandes dessinées, des super-héros, voilà ce dont les créateurs ont eu besoin pour traverser l’épreuve de la rétrospection. Ainsi sont nés Nat Mosphère et Super Gland, des êtres à la fois sexués et cérébraux qui donnent corps – c’est le moins que l’on puisse dire – aux surmoi des deux acteurs. Ainsi, chargés de dévoiler les contradictions de leurs auteurs, les alter ego surgissent périodiquement sur un écran situé en fond de scène. Durant les 60 minutes que dure la représentation, Nathalie et Gaétan se penchent sur leurs itinéraires respectifs et communs. Empruntant les concepts en vogue dans le milieu de l’art contemporain, l’un et l’autre s’interrogent, heureusement en y mettant un peu de dérision, à propos de leurs préoccupations esthétiques.

Malheureusement, outre quelques bonnes formules, leurs discussions ne riment à rien. Siégeons-nous dans les coulisses d’un spectacle en gestation? Assistons-nous aux balbutiements d’une œuvre à venir? Les comparses ont beau danser, chanter ou se rouler sur le sol, leurs efforts restent épars. Employant de belles images, mais bien peu d’humour, Zap! le réel reconduit le mythe de l’artiste torturé. Pétris d’angoisses, les deux créateurs jettent un regard pour ainsi dire désabusé sur le chemin parcouru. Bref, voilà une remise en question qui ne devrait pas passer à l’histoire.

Jusqu’au 17 septembre
À Espace libre
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