Phèdre et autres labyrinthes : Le mythe revisité
Scène

Phèdre et autres labyrinthes : Le mythe revisité

Avec Phèdre et autres labyrinthes, le Théâtre de l’Inconnu, pour sa première production, s’attaque à un gros morceau.

Texte de l’auteure mexicaine Ximena Escalante, la pièce fait revivre, à l’époque contemporaine, un personnage nommé Phèdre, qu’on rencontre à 10, à 14 et à 35 ans. Sur ses épaules pèse le destin de son ancêtre mythique; elle vivra les mêmes tourments, en proie, à différents moments de sa vie, à un désir impérieux, ravageur. Autour d’elle, sa sœur Ariane, Thésée, Hippolyte et nombre de personnages réalistes, fantaisistes ou issus de la mythologie.

Si Phèdre et autres labyrinthes propose une relecture du mythe et traite du désir féminin, du destin, et de leur puissance, la pièce, dans son ensemble, apparaît d’un intérêt inégal: à cause du jeu ou de la mise en scène, qui ne trouvent pas toujours le ton approprié, à cause aussi du texte qui, mélangeant drame et fantaisie, est par moments un peu embrouillé. Où est-on? À quelle époque? Et surtout, pourquoi tous ces personnages? Certains, faisant irruption dans l’action, semblent sortis de nulle part; de leurs interventions, un peu plaquées, résulte parfois une impression de collage plus ou moins réussi.

Ces apparitions, le mélange de tons, l’obligation de sauter d’une émotion à l’autre représentent autant de pièges dont l’équipe, comédiens et metteur en scène, ne se tire pas toujours facilement, malgré un travail et un enthousiasme visibles. Après un début un peu lent, la pièce prend tout de même son essor, malheureusement entravé, de temps à autre, par ces difficultés. Plusieurs passages sont toutefois très réussis, amusants ou touchants: on songe notamment au temps qui s’écoule pour Phèdre, la menant de 10 à 14 ans, au très beau monologue d’Ariane délaissée et, tout particulièrement, aux différentes apparitions des sirènes. On prend plaisir, aussi, à apprécier le talent des comédiens, dont la plupart endossent plusieurs rôles.

Sur le plan de la mise en scène (Jonathan Gagnon), belle exploitation d’une scénographie évoquant à la fois terrain de jeu, squat et dépotoir. Ce qu’on pourrait qualifier d’esthétique de la récupération, présente dans le décor à travers vieux matelas, caisses de bois, graffitis et objets divers, se retrouve aussi dans les costumes, bien imaginés, colorés et souvent magnifiques (Mireille Roy).

Le Théâtre de l’Inconnu réalise là un projet ambitieux. Non sans faille, il frappe par son audace, son ardeur, et de fortes images.

Jusqu’au 1er octobre
À Premier Acte
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