Trois Générations : Pareil, pas pareil
Scène

Trois Générations : Pareil, pas pareil

Le spectacle Trois Générations marque le retour au Québec, après 15 ans d’absence, de Jean-Claude Gallotta, du Centre chorégraphique national de Grenoble.

Mammame

, ça vous dit quelque chose? En 1987, cette œuvre de Jean-Claude Gallotta a remporté le prix du Meilleur spectacle étranger de l’année au FIND de Montréal. Si une certaine critique française considère que l’artiste s’est assagi depuis, il est incontestable qu’il a conservé le goût d’expérimenter. Avec Trois Générations, il propose ainsi au spectateur de revoir trois fois les mêmes 30 minutes de chorégraphie, dansées tour à tour par huit enfants, huit adultes dans la trentaine et huit autres dans la soixantaine. L’idée? Montrer que chaque interprétation est unique.

Le chorégraphe se souvient des objections exprimées au début de son projet. "Certains disaient: "Tout le monde va s’emmerder. T’es pas fou de montrer à la suite trois fois la même chose?"" Eh bien non, constate-t-il après un an de tournée: le public se laisse prendre au jeu de cette répétition qui n’en est pas tout à fait une. "J’ai l’impression que les spectateurs ont un regain d’intérêt quand les anciens arrivent, dit-il. J’espère en tout cas que ça sera pareil chez vous."

La chorégraphie de base, en quatre ou cinq temps, alterne entre moments calmes et danse tribale à la Mammame, entre duos amoureux et action éclatée. Gallotta a, en fait, réuni tout ce qu’il aimait de ses œuvres précédentes; certains passages sont même des extraits d’anciennes pièces.

En plus de la musique qui diffère pour chaque groupe, plusieurs des mouvements développés au départ avec le Groupe Émile Dubois (les trentenaires) ont dû être adaptés pour les danseurs jeunes et âgés. "Pour les enfants, la lenteur était un problème, explique Gallotta. Des fois on a changé un geste pour un autre qu’ils arrivaient mieux à faire lentement." Avec les plus âgés, il leur a par exemple fallu remplacer un saut, trop difficile à exécuter, par un mouvement de bras vif qui donnait le même effet. "Ce qui est intéressant, c’est que tout ne marchait pas facilement. Il fallait vraiment trouver la correspondance."

Danseurs et chorégraphe ont donc dû faire preuve de créativité pour adapter la pièce, surtout pour les enfants, puisqu’il s’agissait vraiment d’une danse d’adultes. "Il y a des duos virtuoses et c’était marrant de voir comment ils se débrouillaient avec ça alors qu’on aurait pu parier que c’était impossible, s’émerveille le chorégraphe. Mais ils arrivaient toujours à trouver quelque chose." D’abord mal à l’aise avec les gestes de tendresse, ils ont su faire des liens avec leur mince expérience de vie pour y trouver l’émotion juste. Le résultat est étrange, considère Jean-Claude Gallotta: "On a l’impression qu’ils jouent sérieusement."

Tous les enfants qui feront la tournée canadienne (qui s’amorce à Québec) en seront à leurs premières armes sur scène. Âgés de 7 à 9 ans, ils prennent le relais de ceux, devenus trop grands, qui ont créé la pièce en 2004. Avant de s’effacer, les plus vieux ont enseigné aux plus jeunes. "Au plan humain, je trouve ça formidable de voir ces tout-petits qui apprennent, qui s’échangent, s’exclame le chorégraphe. C’est magnifique, cette chaîne humaine de transmission."

Tout compte fait, ce sont les aînés, tous d’anciens danseurs et professeurs, qui ont eu le plus de facilité à se libérer de la pression de la performance. "Ils s’amusaient à se moquer d’eux-mêmes ou de la technique, raconte Jean-Claude Gallotta. On les sent plus détachés." Tout le contraire des jeunes adultes qui doivent faire preuve d’une virtuosité impeccable. "Ils savent – on en a parlé – qu’ils sont un peu pris en tenaille entre l’innocence des enfants, que les gens adorent, et les personnes âgées qui les touchent. Pour eux, c’est vraiment un combat. Comme dans la vie, c’est l’âge où il faut assurer. C’est beau parce que c’est aussi touchant pour ça."

Le 27 septembre
Au Grand Théâtre
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