Evelyne Rompré : La mort aux trousses
Evelyne Rompré reprend ces jours-ci la route de Unity, un village de la Saskatchewan ravagé par une épidémie de grippe espagnole.
Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Québec, en 1997, Evelyne Rompré s’est taillé une place de choix dans le paysage théâtral québécois. Âgée d’à peine 30 ans, la comédienne s’est déjà mesurée à certains des plus grands personnages de la dramaturgie mondiale: Yseult, Laura (dans La Ménagerie de verre), Antigone, Agnès, Ines Pérée, Yvonne… Tous ces rôles classiques ne l’ont pourtant pas empêchée de goûter aux vertiges de la création. Mentionnons Titanica de Sébastien Harisson, Vacarmes de Dominic Champagne et Le Peintre des madones de Michel Marc Bouchard. Ces jours-ci, au Théâtre Denise-Pelletier, Rompré reprend sa place dans la distribution de Unity, mil neuf cent dix-huit, une pièce du Vancouvérois Kevin Kerr (lauréat du Prix du Gouverneur général du Canada en 2002) mise en scène par Claude Poissant.
En 2003, Claude Poissant, directeur artistique du Théâtre PàP, assure la création québécoise de Unity, mil neuf cent dix-huit. Porté par son sujet universel, sa structure lapidaire, l’authenticité de ses protagonistes, la ferveur communicative de ses acteurs, la splendeur de son environnement scénique et la souplesse de sa traduction (signée Paul Lefebvre), le spectacle séduit la critique et le public. Aux côtés de Gary Boudreault, Mireille Brullemans, Sophie Cadieux, Alexandre Frenette, Érika Gagnon, Steve Laplante, Jean-Sébastien Lavoie, Karine Saint-Arnaud et Jennie-Anne Walker (qui incarne Beatrice, le personnage principal de Unity), Evelyne Rompré défend remarquablement le personnage de Sunna, une performance qui lui vaut le Masque 2004 de l’interprétation féminine dans un rôle de soutien.
Âgée de 15 ans, Sunna est une immigrante islandaise installée depuis peu dans les plaines de la Saskatchewan. Lorsque son oncle trépasse, la fillette hérite de ses fonctions et devient croque-mort du village. Différente, silencieuse et isolée par son "métier" et ses origines, la jeune fille fait peur aux villageois. Pourtant, s’ils veulent affronter la terrible épidémie de grippe espagnole qui s’abat sur eux, les citoyens ont besoin de l’étrangère. "C’est une enfant fragile, explique Evelyne Rompré. En même temps, elle est dotée d’une grande endurance, d’une maturité forcée. À la mort de son oncle, elle reçoit en quelque sorte un devoir. Pour ne pas souffrir, elle décide que la mort n’existe pas, qu’il s’agit plutôt d’une étape, d’un passage."
Des perspicaces observations de Beatrice, dont le journal intime sert de colonne vertébrale à la pièce, s’élève un chant d’une troublante humanité. Au contact de la mort, les jeunes protagonistes vont se transformer et exprimer une fougue qui, à en croire celle qui s’apprête à fouler la scène du Théâtre Denise-Pelletier pour la troisième fois, devrait beaucoup intéresser les adolescents: "Les personnages sont confrontés à l’urgence de vivre, de connaître l’amour, de donner un premier baiser avant de mourir. Je suis certaine que ça va toucher les jeunes."
Jusqu’au 15 octobre
Au Théâtre Denise-Pelletier
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