Parlons chasse et pêche : Qui chasse pèche
Scène

Parlons chasse et pêche : Qui chasse pèche

Avec Parlons chasse et pêche, le Théâtre Sans Borne nous présente sa première création, un collectif signé et interprété par six jeunes femmes et mis en scène par Marie-Eve Gagnon.

Elles jouent, chantent, dansent et font de la musique, mais elles parlent très peu de chasse et de pêche. Elles nous invitent plutôt à un spectacle assez humoristique qui articule, par le biais du théâtre et de la chanson, une réflexion sur la condition féminine contemporaine. Le tout ressemble à une mosaïque de numéros qui s’emboîtent, s’entrelacent ou s’entrechoquent. Car si tous les éléments de la pièce vont dans le même sens, les propos avancés laissent place à certaines nuances ou opinions contraires. Ainsi, on sent généralement que la matière première du spectacle, qui tourne essentiellement autour du positionnement des jeunes face ou à l’intérieur du féminisme, demeure en mouvement, en gestation, en évolution.

ÉVOLUTION?

Il est parfois difficile de recevoir les messages de ces jeunes créatrices (elles sont dans la vingtaine) qui jettent sur le féminisme un regard assez dur. On a parfois l’impression qu’elles reconduisent d’anciens clichés en voulant précisément les éviter. Certains textes tournent tellement en dérision le féminisme "traditionnel" qu’ils en évacuent presque l’importance et les raisons du mouvement. On dirait qu’elles s’attaquent à de vieux réflexes et de vieilles théories en les adaptant à la société d’aujourd’hui, comme si le féminisme n’avait jamais modifié son discours au fil des ans, et qu’elles, les Starlettes du Théâtre Sans Borne, tenaient davantage compte des nouvelles réalités. N’empêche, de ramener le débat sur la scène et de tenter d’amorcer une nouvelle réflexion est très louable. Et lorsqu’elles présentent des numéros qui montrent les doutes et la pensée qui travaillent, elles touchent généralement très bien la cible. C’est dans l’affirmation qu’elles nous perdent: difficile pour le spectateur de balancer des années de lutte pour se faire dire qu’on en est là. Il n’est pas dit qu’elles ont toujours tort, ni dans leurs opinions ni dans leur manière d’amener le discours, seulement, c’est parfois déroutant.

AUTODÉRISION

Si les Starlettes ont construit une série de numéros autour du sujet, c’est que la problématique, probablement, les intéresse vraiment; qu’elles veulent un monde meilleur, et qu’elles s’inscrivent comme faisant partie de ce courant qu’elles critiquent et avec lequel elles entretiennent une relation des plus ambiguës. L’autocritique et l’autodérision font d’ailleurs partie des outils qu’elles exploitent à merveille. Si le spectacle – qui dure plus de deux heures – est inégal, on doit dire qu’il remporte plusieurs victoires, dont celle de nous faire beaucoup rire, de nous faire réfléchir, et de nous permettre de prendre le pouls d’une certaine jeunesse. Aussi, les comédiennes, très charismatiques, sont bourrées de talent et elles apportent une bouffée de fraîcheur dans leur manière d’aborder la scène.

Jusqu’au 30 septembre
Au Bain Mathieu
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