Portable Dances : Second souffle
Portable Dances, l’œuvre toute fraîche de la compagnie Flak, lance José Navas sur le sentier de la maturité. Il nous en parle.
Lors de son passage à Québec il y a sept ans, la compagnie montréalaise Flak avait charmé le public de Québec avec One Night Only 3/3, une pièce provocatrice, colorée, imagée et rigolote. Portable Dances est tout autre, prévient son chorégraphe José Navas avec son charmant accent (résultat d’une enfance au Venezuela suivie d’une formation à New York): "Heureusement c’est différent, parce qu’il y a une évolution de One Night Only à aujourd’hui, dans la chorégraphie, dans ce qu’on recherche. On cherche une expérience vraie, intime et honnête."
Le court extrait de Portable Dances présenté lors du lancement de la programmation de la Rotonde montre une danse abstraite et épurée, à la fois nette et moelleuse. Constitué d’un solo, d’un double duo et d’un trio, le spectacle a pour objet la simplicité du mouvement. Aucun décor ne vient donner un quelconque contexte. La trame sonore d’Alexander MacSween, composée à partir des sons de voyelles et de consonnes prononcés par les danseurs, fait office de fil conducteur.
Tel quel ou en partie, le spectacle sera facile à trimballer, d’où son titre. "On aimerait le présenter dehors, dans le métro, un parc, au musée…" projette Navas. Mais en attendant, c’est à Québec qu’aura lieu la première.
Avec Portable Dances, José Navas amorce un nouveau cycle dans son travail de création. Il laisse en effet de côté toute référence narrative ou thématique pour se concentrer tout simplement sur le mouvement. "Je me rends compte que c’est en fait la direction que je cherchais depuis longtemps, dit-il. Avant, j’avais peur de me lancer dans le mouvement pur. C’est un défi parce qu’il faut être très très clair dans l’écriture chorégraphique. Je pense qu’à la quarantaine, après 20 ans de carrière, j’étais prêt à relever ce défi." José Navas se fait donc plus que jamais le digne héritier artistique de Merce Cunningham, son premier maître en danse.
À cet âge qu’on dit propice aux grands bilans, non seulement il revient à ses premières amours, mais il redit oui à la carrière d’interprète. Et dire que le charismatique virtuose du mouvement s’apprêtait à renoncer à la scène… "À un moment donné, la vie m’a dit: "Ce n’est pas la fin; au contraire, c’est le début." Je me rends compte aujourd’hui que je danse mieux que jamais. Je peux finalement dire: c’est comme ça qu’on danse! Physiquement, je connais mon instrument et spirituellement, j’ai une paix, une capacité d’être honnête sur scène." C’est en fait à Jérusalem, il y a trois ans, qu’il a pour la première fois éprouvé cette impression d’être totalement dans le moment présent, avec son public.
José Navas ne danse pas qu’en solo dans Portable Dances. Il fait aussi un duo avec Chanti Wadge, l’autre duo étant confié à Mira Peck et Magali Stoll. Les trois femmes se retrouvent ensuite en trio. Navas les a choisies pour leur technique impressionnante, mais surtout parce que, sur scène, elles ont comme lui cet immense besoin de communiquer.
Du 5 au 8 octobre à 20 h
À la Salle Multi de Méduse
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