Denis Gravereaux : Le pied dans la porte
Quelques conseils utiles aux élèves huissiers, une petite satire écrite par Lydie Salvayre et mis en scène par Jean-Marie Papapietro, nous fait rigoler et, par moments, grincer des dents.
Ceux qui connaissent le travail du metteur en scène Jean-Marie Papapietro savent avec quelle intelligence l’homme sait adapter pour le théâtre des textes littéraires. Papapietro a déjà monté, entre autres, L’Amante anglaise de Marguerite Duras, Match de Thomas Bernard et La Promenade de Robert Walser. Le comédien Denis Gravereaux, lui, après avoir travaillé sous la direction de multiples metteurs en scène de renom, arrivait à nous impressionner doublement l’an dernier. D’abord dans Roche, papier, ciseaux de Daniel Keene, mis en scène par Denis Lavalou, mais aussi dans l’adaptation du roman de Witold Gombrowicz, Transatlantique, mis en scène par Téo Spychalski, où il incarnait justement l’écrivain polonais. La rencontre Papapietro-Gravereaux semble donc toute désignée, tant les deux hommes ont, ces dernières années, expérimenté des voies dramaturgiques, sinon similaires, du moins parallèles.
Quelques conseils utiles aux élèves huissiers, écrit par Lydie Salvayre, se présente tout simplement comme un cours, une conférence dédiée à de nouveaux huissiers. Denis Gravereaux, seul en piste et qui agrémente ses propos de projections, incarne maître Échinard, un huissier réputé qui arrive directement de Paris, en fait de Créteil, et qui nous fera part d’un exposé passionné sur ce métier qu’il présente avec fierté. Et nous, les spectateurs, nous absorbons la matière comme le ferait tout jeune huissier à la fois excité et angoissé par ce travail, avide de conseils et soucieux de bien apprendre la matière qui porte cette profession essentielle à la justesse et à l’équité. Si, bien entendu, tout se déroule de manière ironique, pour l’espace d’une pièce de moins d’une heure, on accepte d’emblée la proposition. Gravereaux, encore une fois, sait mener le bal avec aplomb, et bien que le huissier représente tout ce qu’il y a de plus détestable, le charisme et l’enthousiasme du personnage nous charment suffisamment pour animer, contre toute attente, des sentiments de sympathie à son égard. Tout ça est assez troublant. La pièce, menée de main de maître, nous fait beaucoup rire et prouve qu’un texte littéraire peut mettre fermement un pied dans la porte du monde du théâtre.
Du 19 septembre au 3 octobre
À la Petite Licorne
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