Phénomènes nocturnes : Nuits folles
Scène

Phénomènes nocturnes : Nuits folles

La compagnie Davaï présente Phénomènes nocturnes, un spectacle coquin alliant cirque et théâtre, calqué sur les traditionnels cabarets faisant présentement fureur en Allemagne.

Pas facile la vie d’acrobate. Brigitte Sherrer le sait bien. Après avoir roulé sa bosse un peu partout en Europe et avoir fait partie de mégaproductions comme celles du Cirque du Soleil, elle décide avec trois partenaires de fonder Davaï, une compagnie misant sur la créativité des artistes de cirque.

C’est qu’il est plutôt rare que cette créativité soit exploitée à sa juste valeur. "Nous voulions offrir aux artistes de cirque davantage de possibilités de se présenter sur scène avec leurs œuvres originales, explique-t-elle. En général, un artiste qui sort de l’École nationale de cirque ou d’ailleurs n’a pas beaucoup d’occasions de se présenter à Montréal. Bien sûr, il peut se faire engager par des compagnies montréalaises, comme le Cirque du Soleil et le Cirque Éloize qui font de très belles choses, mais qui dénaturent le numéro de l’artiste tel qu’il l’a conçu. Il faut souvent changer les costumes, la musique, les chorégraphies afin de l’intégrer au reste du spectacle. Ce que tu as créé n’existe plus."

Lors d’une tournée en Allemagne, Sherrer découvre pourtant une tradition qui non seulement ne s’est jamais éteinte, mais qui récolte au fil des années un succès toujours grandissant: le cabaret. "Au cabaret, les numéros sont engagés tels quels. Un maître de cérémonie souvent coquin s’assure de faire le lien entre chacun. Il n’y a pas beaucoup de décors, c’est dénué d’artifices. C’est l’artiste qui est mis de l’avant et c’est lui que le public vient voir." Un principe souvent élagué dans le cirque contemporain. "Le cirque que l’on est habitué de voir de nos jours est en fait à l’inverse de la forme traditionnelle. Maintenant, il ne faut plus que le numéro ait l’air difficile. Il faut que l’artiste cache le plus possible l’effort durant la représentation, alors qu’avant, les gens venaient spécialement voir l’artiste à l’œuvre."

Scherrer constatera par elle-même la différence lorsque son numéro de triple corde, une technique qu’elle est la seule à expérimenter, sera engagé par le célèbre Wintergarten de Berlin. "Les Allemands entretiennent cette culture, ne serait-ce qu’en mettant en valeur les artistes qui s’y produisent. Tous savent le nom du présent ventriloque, du clown, de l’acrobate, du funambule et du maître de cérémonie ainsi que les noms de ceux qui le faisaient bien avant eux."

Si Montréal a également connu ses cabarets au milieu du XXe siècle, ceux-ci se sont éteints depuis longtemps. La résurrection se devait imminente, Montréal étant devenue un centre circassien reconnu internationalement. "Il faut donner la chance aux artistes d’ici d’avoir plusieurs possibilités de représentation, affirme Scherrer. Celle du cabaret en est une." La compagnie Davaï tentera donc le savant dosage de performances, de grivoiserie et de théâtralité que requiert le cabaret tout en créant l’ambiance intimiste nécessaire. C’est d’ailleurs le maître de cérémonie Jesko, un Allemand habitué des cabarets, qui fera découvrir au public la faune de la nuit. Parmi celle-ci, on retrouvera entre autres un chanteur sur trapèze, un clown se targuant d’être Barbie mais aussi des somnambules, des patibulaires, de la haute voltige comme du houla hop.

La série de numéros laisse donc entrevoir la diversité et la décadence caractéristiques du genre. Un spectacle qui n’est donc pas recommandé aux enfants, comme le précise Brigitte Scherrer. "La formule du cabaret nous permet une légèreté, une sensualité et une folie bienvenues…". Willkommen!

Les 29, 30 septembre et 1er octobre
À la Tohu
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