Play It Again! : La, le son de piano
Scène

Play It Again! : La, le son de piano

Play It Again! Une création pour corps et piano à queue, présentée sur les planches du Studio de l’Agora et signée par nulle autre que Danièle Desnoyers…

Est-ce parce que sa précédente trilogie sur le thème de la rencontre entre corps et sons a reçu un accueil chaleureux, ici comme à l’étranger, que la chorégraphe montréalaise poursuit dans la même voie? C’est depuis Bruges (Belgique), où elle se trouvait pour la première de Play It Again!, qu’elle nous a livré quelques pistes de réponses à cette question… et bien plus encore.

"Je dirais que la musique a toujours été la porte d’entrée de ma danse. Mais j’ai des attentes particulières envers l’univers sonore. Je ne veux pas qu’il serve uniquement de tapisserie à la chorégraphie. C’est pourquoi je choisis avec soin mes collaborateurs. Il doit y avoir avant tout une entente, un désir commun. Pour la précédente trilogie, j’ai travaillé avec Nancy Tobin. Une expérience enrichissante! Mais comme j’aime travailler avec le plus d’artistes possible, j’ai décidé que le renouvellement se ferait, cette fois-ci, de ce côté."

C’est ainsi qu’on pourra admirer, dans cette toute nouvelle œuvre, le travail d’un autre compositeur, tout aussi original: Jean-François Laporte. "J’ai eu un coup de cœur en écoutant son œuvre Tribal, nous avoue la chorégraphe. Mais ça a pris un certain temps avant que nous décidions de travailler ensemble. Plusieurs rencontres au cours desquelles nous nous sommes apprivoisés, si on peut dire."

L’une des caractéristiques de Jean-François Laporte, c’est qu’il semble prendre plaisir à détourner les instruments de leur fonction première. Déjà, on peut voir ici un point en commun avec la chorégraphe qui, à l’intérieur de ses trois dernières pièces, avait également exploré l’instrument de cette manière. Par exemple, on n’a qu’à penser à la recherche chorégraphique qu’elle avait faite autour de la notion de feed-back dans Duo pour corps et instruments (2003).

"Quand Jean-François m’a proposé le piano, sur le coup je n’étais pas trop sûre. Un piano, sur scène, on sait ce que ça peut faire… Disons que ça capte sensiblement l’attention. Ça peut devenir très vite une obstruction au mouvement corporel. J’ai donc accepté, mais à une condition: que les danseurs puissent toucher à l’instrument."

Il s’en est alors suivi toute une mise en scène de l’instrument, le piano devenant un sixième danseur, comme nous l’affirme la chorégraphe. Aussi, les interprètes Sophie Corriveau, AnneBruce Falconer, Pierre Lecours, Ken Roy et Siôned Watkins ont-ils eu la chance de pouvoir travailler en studio en compagnie du pianiste Martin Ouellet, qui aura le plaisir de les accompagner sur scène, lors des représentations en salle.

Mais cette mise en scène s’est effectuée, cette fois-ci, avec l’aide d’un dramaturge, Guy Cools. C’était la première fois, à ma connaissance, que Danièle Desnoyers s’offrait ce genre de coup de pouce. "C’est vrai! D’ailleurs, dans le même sens, je n’ai jamais travaillé avec une répétitrice. J’ai toujours assumé ce rôle moi-même." Qu’apporte donc la présence de cet œil extérieur qu’est le dramaturge? "Ça permet d’instaurer un dialogue. De me donner une deuxième lecture de la pièce. Et de me ramener à mon intuition première lorsque je me suis un peu trop égarée sur le chemin nécessairement sinueux de la création."

Si Play It Again! fait référence à la célèbre réplique du film Casablanca, la pièce n’a rien d’une adaptation ou d’un rappel anecdotique. Il s’agit plutôt d’un clin d’œil au pouvoir symbolique de cet instrument, capable de nous faire voyager dans le passé, à l’aide du moindre petit air joué. Le piano servant alors d’axe giratoire, tant sémantique que scénographique, à la pièce.

Du 5 au 8 et du 12 au 15 octobre
Au Studio de l’Agora
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