Louise Allaire : Au conte de trois
Pour Louise Allaire, directrice artistique des Gros Becs, il est essentiel de faire connaître aux jeunes le théâtre d’ailleurs. Mini-festival en pièces détachées.
S’il n’est pas nouveau pour les Gros Becs d’accueillir des pièces de l’extérieur – ce qu’ils font depuis 1995 dans le cadre de leur programmation régulière et du Carrefour international de théâtre -, l’idée d’ouvrir leur saison avec une manière de mini-festival international paraît plus inusitée. C’est que Montréal recevait récemment le Congrès de l’Association internationale de théâtre jeune public et sa trentaine de spectacles. "Je trouvais important de faire écho à cet événement majeur, explique Louise Allaire. Parce qu’on est dans un contexte de mondialisation et que, de plus en plus, les gens vont être appelés à voyager davantage, à fréquenter différentes cultures. Alors, je crois que les enfants, très jeunes, doivent être mis en contact avec ces créations artistiques étrangères."
Ainsi pourront-ils voir, de France, Ah là là! Quelle histoire!, signée et mise en scène par Catherine Anne (Une année sans été), une pièce qui, s’inspirant des contes de Perrault, suit les péripéties de l’arrière-petit-fils du Petit Poucet et de l’arrière-petite-fille de Peau d’Âne, alors qu’ils traversent la Forêt défendue. Le tout au sein de ce que l’auteure qualifie de "décor lumière", agrémenté de costumes où se marient éléments fantastiques et contemporains. Suivra Dégage, petit!, mettant en vedette la Belge Agnès Limbos – également l’auteure de la pièce -, une adaptation libre du Vilain Petit Canard d’Andersen où jeu, mime et clown se conjuguent sur le thème du rejet. "C’est universel et c’est raconté d’une façon tellement originale, avec de l’humour, de la dérision et en même temps une tendresse… commente la directrice artistique. Il n’y a presque rien sur scène, mais, tout à coup, elle sort des objets avec lesquels elle raconte l’histoire et fait travailler l’imagination du spectateur. C’est coloré, surprenant…" Deux spectacles qui puisent dans les contes et ont, à son sens, le mérite de ne faire preuve d’aucune complaisance: "On va toucher le fond du sujet et, en même temps, c’est débridé d’imagination." Enfin, Les Âmes sœurs, création québécoise coproduite par l’Atrium de Chaville, clora l’événement. "Serge Marois a une écriture qui sort des sentiers battus et cette pièce est très différente de ce qu’on a l’habitude de voir ici, observe-t-elle. C’est pourquoi je trouvais intéressant de l’inclure à cette série." Une œuvre égrenant les tableaux au gré des chants de son chœur et se présentant, selon elle, comme une sorte de "conte philosophique": "On suit un personnage à travers plusieurs types de rencontres, c’est un peu comme le voyage d’une âme sur la terre… C’est magnifique!"
Autant dire que l’on aura droit à "trois ambiances, trois esthétiques, trois imaginaires complètement différents", dans des productions se rejoignant cependant en ceci qu’elles font toutes confiance à l’intelligence des enfants. "Il y a un risque d’être surpris, mais pas d’être déçu", conclut-elle. Un pari qui, en ces temps de boycott des activités culturelles, devient l’affaire des parents… que voilà avertis!
Ah là là! Quelle histoire!
Du 6 au 9 octobre
Dégage, petit!
Du 12 au 16 octobre
Les Âmes sœurs
Du 20 au 24 octobre
Au Théâtre des Gros Becs
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