Lundis de la danse : Double emploi
Scène

Lundis de la danse : Double emploi

Les Lundis de la danse à la Bordée amorcent leur seconde saison avec une chorégraphie de Daniel Bélanger inspirée de la pièce de théâtre En pièces détachées.

L’idée des Lundis de la danse est de permettre à un chorégraphe de créer une œuvre personnelle dans les décors et éclairages de la pièce de théâtre à l’affiche à la Bordée. "On a le choix de créer en accord avec la pièce ou d’aller complètement ailleurs", précise Harold Rhéaume qui, avec Karine Ledoyen, est à l’origine de cette formule lancée l’an dernier. Les chorégraphes peuvent assister aux répétitions de la pièce s’ils le souhaitent. Une fois la scène montée, les danseurs disposent de 40 heures de travail dans les décors pour pondre une œuvre d’au moins une heure, qui ne sera présentée qu’une seule fois.

"Je me sens un peu comme la pièce en ce moment: je suis en pièces détachées", lance le chorégraphe Daniel Bélanger, joint à mi-chemin des répétitions d’En pièces détachées version danse. Bien qu’il ait déjà vécu l’expérience des Lundis l’an dernier et qu’il soit habitué à s’inspirer du théâtre pour ses chorégraphies, il a dû cette fois-ci modifier son approche. Il admet avoir été quelque peu dérouté par le style verbeux de Michel Tremblay.

Après avoir vu la pièce et discuté avec son metteur en scène Frédéric Dubois, Daniel Bélanger a retenu l’idée d’une violence dissimulée. "Le texte est très violent et il y a aussi une maladresse dans la façon d’exprimer son affection pour quelqu’un d’autre. Ça donne des mouvements très rapides, brusques et violents. Mais comme le mouvement passe en une fraction de seconde, on fait: "Ah! Est-ce que j’ai vu quelque chose de violent?"" Cette violence émane par exemple du caractère anti-anatomique d’un mouvement ou des heurts entre deux corps qui n’arrivent pas à s’épouser.

Le décor de Michel Gauthier a aussi inspiré le chorégraphe. Les nombreux escaliers qui ne mènent nulle part créent une atmosphère d’enfermement. Y règnent les voisines, que Bélanger a transformées en êtres monstrueux coincés dans leur corps. Il a transposé le verbiage cacophonique des voisines de Tremblay en "orgie de mouvements quotidiens". Quant aux autres personnages de la pièce, ils ne sont pas clairement identifiables. "On n’est pas sûr si c’est la fille, la mère ou Thérèse, si je suis Gérard ou Marcel", précise le chorégraphe, qui a pris le parti d’une certaine abstraction.

L’an dernier, il y a eu trois Lundis de la danse. Cette année, il y en aura quatre, puisque la direction de la Bordée a été enchantée des résultats. Les autres chorégraphes invités seront Mario Veillette et Marie-Josée Poulin le 21 novembre, ainsi que Lydia Wagerer le 6 février. Rhéaume et Ledoyen s’associeront quant à eux pour la soirée du 10 avril. "C’est un beau concept, s’exclame Harold Rhéaume. Tu mets tes danseurs dans l’espace et déjà il y a quelque chose qui se passe." L’an dernier, rapporte-t-il en rigolant, certains metteurs en scène ont même été un peu jaloux de tout ce que les chorégraphes pouvaient se permettre de faire avec leurs décors…

Le 10 octobre à 20 h
Au Théâtre de la Bordée
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