Nicolas Létourneau : Jeux de coulisses
Nicolas Létourneau aime les textes à saveur sociale. Avec Hollywood (ou Partenaires), il est servi: loyauté, intégrité, pouvoir s’y disputent la place.
Cette comédie grinçante de David Mamet nous entraîne dans les coulisses des productions hollywoodiennes. Bob Gould (Jean-Olivier St-Louis), tout juste promu producteur dans une grosse maison où il dispose de millions de dollars, voit se bousculer devant lui les propositions de scénarios. Entre le projet de Fox (Nicolas Létourneau), son ancien partenaire, succès assuré par la participation d’une grande vedette, et un film à saveur philosophique proposé par sa jeune et jolie secrétaire (Maryse Lapierre), prête à user de tous ses charmes, que choisir? Déchiré entre ses idéaux et la soif d’argent, pris entre jeux de pouvoir et manipulation, Bob hésite.
"Si je devais résumer en une phrase cette histoire, j’appellerais ça "le devoir d’une personne qui a du pouvoir", explique Nicolas Létourneau, finissant au CADQ en 2001. Gould doit-il donner aux gens ce qu’ils veulent ou ce qu’il faudrait qu’ils entendent?" Dans un monde où ne comptent que le profit et les contacts, "il reste encore à Gould un petit côté humain; c’est sa faiblesse et sa force. Mais il se retrouve embarqué dans une grosse machine".
La pièce parle de ce dilemme de Gould, mais aussi de relations humaines. "Gould, même s’il paraît solide, se sent seul; il a peur. Et Karen, la secrétaire, le rassure. Il se fait charmer par cette femme qui a l’air naïve, mais qui voit là l’opportunité d’entrer dans le milieu. Mon personnage, Fox, ami de longue date de Gould, avec qui il a traversé des moments difficiles, est très nerveux, plein de tics: il n’a pas confiance en lui. Ça fait une relation bizarre, assez trouble entre les deux gars."
Production du Théâtre du Palier, Hollywood (ou Partenaires) est mise en scène par Serge Bonin. Comme c’est l’habitude dans les spectacles de cette compagnie – Monsieur Lovestar et son voisin de palier, Trahisons, notamment -, l’interprétation est ici le pivot de la pièce. "Ce qui est très intéressant dans les textes que le Palier choisit, c’est que souvent, les personnages y disent une chose alors qu’ils en ressentent une autre: ça fait du théâtre très fort. Par exemple, en jouant Fox, je vais avoir un ton très normal, régulier, mais en même temps, j’ai rien qu’envie de casser la gueule au gars en face de moi. Donc, il faut jouer sur deux niveaux, en cachant des trucs. C’est toujours basé sur les contradictions des personnages, et les relations entre eux. Serge fait une mise en place sommaire et nous dit: "Une fois que vous êtes solides là-dedans, soyez des humains qui bougent librement." Après ça, on travaille uniquement le jeu. J’ai pas de bornes, pas de gestes précis à faire, je peux me lever, bouger comme je veux. C’est plaisant, et ça donne quelque chose de super naturel. La mise en scène, le texte, traduit par Louison Danis, donnent un degré de réalisme incroyable à la pièce. En plus, c’est tout à fait d’actualité: suffit de regarder les journaux, d’écouter la radio pour entendre parler de corruption…"
Du 11 au 29 octobre
À Premier Acte
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