Le Théâtre des Mots Passants : Être ou ne pas être
Scène

Le Théâtre des Mots Passants : Être ou ne pas être

Le Théâtre Les Mots Passants remonte Les Enfants d’Irène. Rencontre avec son auteur, Claude Poissant, et avec Yann Lafrance, qui endossera le rôle principal.

Un noyau familial recomposé et dysfonctionnel: un jeune homme en peine d’amour qui ne veut rien faire et qui pense, un demi-frère qui calcule pour ne pas penser, et une autre qui joue à la mère afin d’avoir un rôle réaliste dans cette histoire de déséquilibre. Ah oui! il y a aussi un chien qui parle. "Le personnage central, Matthias, qui a dans la vingtaine et que j’avais écrit pour Sébastien Ricard, est vraiment une espèce de miroir d’une génération née avec la mondialisation. Probablement aussi que le style pluriel répond à la tendance actuelle d’aller piger dans différentes formes, qu’il répond à un besoin d’ouverture. En ce sens, je comprends qu’ils veuillent faire revivre cette pièce et qu’ils la fassent à leur manière", nous dit Claude Poissant, flatté.

La troupe du Théâtre Les Mots Passants ne connaissait pas l’auteur personnellement, et personne ne semble avoir déjà vu la pièce, créée il y a cinq ans. C’est en lisant que Yann Lafrance, qui joue Matthias, a eu le frisson: "On cherchait parmi plusieurs pièces ce qui pourrait nourrir chacun des acteurs de la troupe. Le fait que Claude ait si bien compris un problème générationnel m’a impressionné, surtout qu’il ne fait pas partie de cette génération des 20-35 ans. Il a compris le problème des jeunes qui ne trouvent pas leur place. Moi, j’ai toujours expliqué le phénomène par le fait que la pyramide démographique est inversée, mais je crois qu’il y a plus que ça. En jouant le personnage de Matthias, j’ai aussi découvert que cette pièce représentait très bien la phrase être ou ne pas être, sans jamais la dire. C’est justement un problème pour la jeunesse actuelle, celui de décider d’être ou de ne pas être. Je ne sais pas pourquoi, mais on dirait que l’on est plus confrontés à cela qu’à d’autres époques, où les jeunes embarquaient automatiquement dans le mouvement de leur génération, ou encore dans ce que d’autres générations avaient préparé pour eux. Nous, on est plus démunis et on ne sait pas toujours quelle direction prendre."

C’est avec humilité mais avec assurance que la troupe a choisi de faire des déplacements de scènes. Afin de centrer la pièce autour de l’amour perdu de Matthias, ils ont également sacrifié quelques passages: "Avec le metteur en scène Joachim Tanguay, on a décidé de mettre un peu plus l’accent sur l’amour perdu, ce qui nous fait tanguer constamment entre le positif et le négatif. Je pense que les moments d’intelligence profonde de Matthias surviennent lorsqu’il se laisse aller à des moments de poésie, lorsqu’il éclate. C’est un éclatement poétique, mais c’est aussi un éclatement d’amour." Des instants qui donnent des permissions, où le personnage s’abandonne aux mots, aux débordements. "Je ne suis pas nostalgique, assure Claude Poissant, et je leur ai dit: "Dites donc ce que vous avez dire en 2005!" Moi, de toute façon, je ne l’aurais pas remontée, cette pièce", affirme-t-il en ajoutant que pour lui, le metteur en scène est une sorte d’auteur qui a droit à ses libertés. Il hâte de voir, en spectateur, comme nous, cette deuxième pièce d’une jeune compagnie qui a pour mission de parler à sa génération.

Jusqu’au 29 octobre
Au Monument-National
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