Les Apatrides : Enfants de la bombe
Scène

Les Apatrides : Enfants de la bombe

Les Apatrides, une création du revigorant Théâtre I.N.K., souffle comme un vent de fraîcheur sur le milieu théâtral montréalais.

Sorte de Petit Prince des temps modernes, la fillette nommée Elle qu’a imaginée l’auteure et comédienne Marilyn Perreault a de quoi charmer. Confrontant sa lucidité acérée à la naïveté de ses sentiments, "Elle" vole sur son vélo, tentant de comprendre le monde qui l’entoure. En créant une Zazie déjantée, c’est la fragilité de l’émerveillement que dépeint admirablement la jeune artiste.

Véritable surprise de la saison dernière, Le Théâtre I.N.K. mérite ses jalons. Récipiendaire du Masque de la révélation 2005, cette compagnie dirigée par Perreault et Annie Ranger a frappé un grand coup avec cette première production originale, audacieuse et intelligente. Jouant avec les métaphores du joual, Perreault signe un texte ravissant, tout en trouvailles simples et non moins poétiques. Si l’auteure a senti à tort le besoin de justifier son propos par une chute anecdotique, elle livre néanmoins une œuvre qui permet d’espérer de grandes choses pour l’avenir.

L’entreprise générale de la toute jeune compagnie réjouit. L’équipe jongle un peu moins bien avec les personnages masculins, mais on note surtout l’excellent jeu de Ranger et de la polyvalente Perreault. Dans une scénographie inventive d’Émilie Prenoveau, scénographie qui lui a d’ailleurs valu le Masque du meilleur décor 2005, la frêle "Elle" cherche et démasque tant qu’elle peut les failles de l’humanisme. Du cadre de scène resserré servant d’étrange castelet jusqu’à cet escalier offrant ses allées comme autant de branches en cul-de-sac, tout sert à illustrer ingénieusement le propos de Perreault.

La mise en scène de Marc Dumesnil, basée sur son environnement sonore efficace, contribue à cette réussite. Les petits-enfants d’Alice y évoluent dans le désenchantement. Lewis Carroll apprécierait sans doute ce monde où les verres d’alcool deviennent pions d’échiquier…

Jusqu’au 15 octobre
À la Salle Fred-Barry
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