Hollywood (ou Partenaires) : La maudite machine
Scène

Hollywood (ou Partenaires) : La maudite machine

Hollywood (ou Partenaires), production du Théâtre du Palier, entraîne le spectateur dans les engrenages du pouvoir, de l’argent, de la séduction.

Bob Gould, tout juste promu producteur dans une grosse boîte hollywoodienne, se retrouve pris entre deux feux. D’un côté, son ami Fox lui propose un projet plus qu’alléchant: un film d’action, mettant en vedette Harrison Ford. De l’autre, sa secrétaire s’offre à lui et tente de lui communiquer sa ferveur pour un film à saveur philosophique. Gould choisira-t-il l’argent et la facile recette du succès? Ou décidera-t-il, comme lui dicteraient quelques lointains idéaux, de profiter de sa position pour contribuer, un peu, à changer le monde?

À travers ces trois personnages, la pièce de David Mamet pose la question de l’intégrité et de la corruption, de l’engagement et, en définitive, de la différence entre art et marchandise. Si les coulisses d’Hollywood sont bien loin de nous, le spectacle de la tromperie et des manipulations trouve son écho n’importe où et, en plus de divertir, montre que devant le profit, quel qu’il soit, la morale se fait parfois un peu élastique. Cynique, bien sûr. Comme le sont probablement les raisons qui priment, souvent, dans un univers où tout se monnaye à coup de millions, monde du cinéma ou autre.

La mise en scène (Serge Bonin) et la scénographie (Jean-François Labbé) exploitent bien ce filon du cinéma. Générique, éclairages très zonés par moments, musique sont autant d’évocations du genre. En scène, trois comédiens excellents: très naturels, ils mordent joyeusement dans un texte aux répliques directes, cinglantes, souvent très drôles. Nicolas Létourneau campe un Fox survolté, toujours au bord du dérapage; Jean-Olivier St-Louis, un Gould maître de lui-même, du moins en apparence; Maryse Lapierre, très crédible en secrétaire naïve, fait beaucoup rire dans une scène où, en proie à un délire d’enthousiasme, elle tente de convaincre Gould de produire le film philosophique.

On regrette cependant la grande nervosité du jeu qui, bien qu’appropriée, impose dès le départ un ton qui pourrait gagner en profondeur. La rapidité tend par moments, surtout à la fin, à nous faire perdre les enjeux relationnels et dilue un peu la force de tout ce qui, au-delà de l’anecdote, est soulevé ici. Toutefois, l’énergie, la vivacité des comédiens, la qualité et l’intelligence de l’ensemble compensent largement.

Jusqu’au 29 octobre
À Premier Acte
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