Le Théâtre de l’OEil : Sur le fil
Le Théâtre de l’OEil convie les enfants de 5 à 10 ans à une envoûtante expérience de théâtre d’images.
Jade Bérubé
Photo : Paul Fournier
Imaginez un monde où les étoiles tombent mystérieusement du ciel comme des pierres précieuses. Le Théâtre de l’OEil réussit, par sa virtuosité, à nous entraîner dans un univers onirique séduisant où marionnettes à fils et manipulation à vue se côtoient.
En allumant le ciel comme toutes les nuits, un vieux Pierrot fatigué décroche involontairement une étoile de la voûte céleste. Un étrange petit voyageur au visage d’Arlequin et au corps d’asticot s’investira de la mission initiatique: monter au ciel afin de remettre l’étoile à sa place. Il devra alors s’élancer sur un fil d’araignée, traverser le couloir du sommeil, plonger au fond de l’océan. Reposant uniquement sur le pouvoir d’évocation des images, cette fable sans paroles se conclut par l’envolée d’une mémé centenaire endormie, tenant l’étoile dans sa main. Une finale remarquable pour un spectacle qui l’est tout autant.
Les concepteurs Richard Lacroix, André Laliberté et Richard Morin illustrent ici un monde défiant toute logique. À une ère où le didactisme semble ne laisser aucune place à l’imaginaire, Le Porteur s’inscrit en faux avec une ode au fabuleux. Ici, le ciel s’emplit d’eau et l’estomac des obèses abrite des castelets où les araignées font des numéros de claquettes. Les mises en abyme surréalistes sont tout autant savoureuses.
OEuvre phare du Théâtre de l’OEil, Le Porteur séduit les publics internationaux depuis 1997, du Canada aux États-Unis et de la France à l’Asie. Cette création a d’ailleurs reçu plusieurs distinctions honorifiques. Seulement au Québec, la production aura raflé en 1999 trois Masques dont celui de la production jeune public, de la conception du décor et de la contribution spéciale pour la conception des marionnettes. C’est d’ailleurs à André Laliberté que l’on doit les marionnettes de La Savetière prodigieuse présentée au Théâtre du Nouveau Monde en janvier dernier. Avec Le Porteur, la compagnie prouve encore une fois la véracité de son mandat: "L’œil, s’il est séduit, fait se tendre l’oreille, s’ouvrir l’esprit…"
Jusqu’au 30 octobre
À la Maison Théâtre
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