Maxime Denommée : La force de l'âge
Scène

Maxime Denommée : La force de l’âge

Depuis 1999, Maxime Denommée est en quelque sorte en résidence au Théâtre de La Manufacture. Afin de célébrer les 30 ans de la compagnie, Howie le Rookie, l’un des plus grands succès de la maison, reprend l’affiche et vient nous visiter, sur invitation de La Rubrique. Rencontre.

Sept ans après sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, Maxime Denommée possède une feuille de route remarquable. En 1999, l’heure de la révélation est venue pour le comédien. Fraîchement diplômé, le jeune homme participe à la création de Trick or Treat, une première collaboration avec La Manufacture. Dans la peau de Mike, un adolescent victime de taxage, le comédien est loin de passer inaperçu. Depuis, l’acteur n’a cessé de cumuler les performances marquantes. Entre les murs de La Licorne, le théâtre où se produit la compagnie à Montréal, il fut tour à tour Stetko, le soldat désabusé du Monument de Colleen Wagner (2001); Rookie Lee, le voyou attachant d’Howie le Rookie; Simon, le garagiste du Capharnaüm de Charlotte Laurier (2002); et Maxime, l’inénarrable photographe de Cheech (Les hommes de Chrysler sont en ville) de François Létourneau (2003). Ces personnages, pour la plupart de jeunes garçons habités par la révolte, ont, à juste titre, frappé l’imaginaire de nombreux spectateurs.

Maître ès Irlande

Howie le Rookie se déroule à Dublin, plus précisément dans le quartier pauvre du North Side, un endroit rêvé pour qui veut fomenter une vendetta. À cause d’une histoire de matelas souillé et de gale contagieuse, Howie Lee (Despins) cherche à se venger de Rookie Lee (Denommée, Masque de l’interprétation masculine en 2003), déjà impliqué dans le meurtre malencontreux de poissons de combat thaïlandais que l’on dit d’une grande valeur. Sous des dehors rocambolesques, la pièce raconte la naissance d’une amitié entre deux hommes que tout opposait. "Ils vont devenir comme le grand et le petit frère", spécifie Denommée.

Au cœur de ces deux monologues réside une poésie à la fois tendre et brutale, un hymne à la rédemption brillamment traduit par Olivier Choinière. "À la lecture, précise le comédien, c’est un texte qui peut faire peur. Il est si cru qu’il peut sembler vulgaire. Au théâtre, incarné, ça passe beaucoup mieux. On voit qu’il y a des humains derrière ça, on comprend que les personnages se cachent derrière une façade. En réalité, l’anecdote ne représente qu’une partie du plaisir. La pièce fait défiler une multitude d’images dans la tête du spectateur, un casse-tête conçu pour le tenir en haleine."

Après Howie le Rookie, Danser à Lughnasa et Tête première – un baptême de mise en scène qui lui a valu en mars dernier les éloges de la critique et du public -, Denommée est en voie de devenir un expert en matière de dramaturgie irlandaise. Alors, comment explique-t-il que les textes irlandais obtiennent autant d’écho au Québec? "Une partie de la réponse se trouve sûrement dans le fait que nous avons tous deux subi l’emprise de la religion catholique, avance le comédien. Nous avons aussi la résistance en commun. Comme nous, ils font figure de Gaulois."

Le 21 octobre
À la salle Pierrette-Gaudreault
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