Amerika : La chute
Scène

Amerika : La chute

Amerika, suite, la pièce de Biljana Srbljanovic mise en scène par Dragan Milinkovic, lance bien mal la nouvelle saison du Groupe de la Veillée.

Invité par le Groupe de la Veillée à collaborer avec des acteurs québécois, le Serbe Dragan Milinkovic offre actuellement aux spectateurs montréalais sa mise en scène d’Amerika, suite, un texte de sa compatriote Biljana Srbljanovic, une auteure dont les pièces ont été montées dans 33 pays au cours des huit dernières années.

Comme le héros de L’Amérique de Kafka, celui d’Amerika, suite a pour nom Karl Rossman. Le jour où il est licencié, cet homme d’affaires, célibataire et en apparence intouchable, s’engage dans une véritable descente aux enfers. Qu’il se trouve dans son luxueux appartement de l’Upper West, dans le métro ou dans les rues de Manhattan – une île d’où les tours du World Trade Center ont bel et bien disparu -, le golden boy est hanté par des voix et des apparitions inquiétantes. Dressant le subtil portrait d’une société décadente, celui d’une Amérique ébranlée jusque dans ses fondations, la pièce de la dramaturge serbe pose un grand défi à quiconque souhaite la représenter. Dans les pièges qu’elle tend, Milinkovic semble sauter à pieds joints. Illustrative, réaliste à outrance, souffrant d’un grave problème de rythme, sa mise à scène tourne à vide.

Alors que la représentation devrait, dans une atmosphère cultivant l’étrangeté, mettre à nu l’entrechoquement des cultures et des classes sociales, la fragilité émotive du Nord-Américain moyen, la décrépitude de ses rapports amoureux et amicaux, son ego démesuré, etc., elle ne donne au spectateur que la désagréable impression d’assister à un mauvais soap. Dans un décor laid, gris et conventionnel, les changements de lieux s’effectuent péniblement. Dirigés de façon non appropriée, les acteurs offrent pour la plupart de pâles performances; leurs accents ne sont ni constants ni homogènes. Malgré la présence de François Trudel, qui ne s’en tire pas trop mal dans la peau du personnage principal, l’interprétation empêche la tension inhérente à la pièce d’intervenir. Il y a fort à parier que la création montréalaise d’Amerika, suite ne se rangera pas parmi les plus mémorables relectures du théâtre de Srbljanovic.

Jusqu’au 12 novembre
Au Théâtre Prospero
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