Caroline Binet : Colère noire
Scène

Caroline Binet : Colère noire

Caroline Binet met en scène Filles de guerres lasses de Dominick Parent-Lebeuf, l’étrange constat de quelques héroïnes qui en ont marre.

Elles sont tout sauf lasses, ces filles de guerre. En colère assurément, ironiques peut-être, révoltées, ça oui. Dressées devant l’image féministe dont elles ont, malgré elles, emmagasiné l’héritage. La création de ce nouveau texte de Dominick Parenteau-Lebeuf (La Petite Scrap) par Caroline Binet en confondra certainement plusieurs. La suite de tableaux égratigne parfois le féminisme des années 70 tout en illustrant des femmes liberté au poing. Déconcertant.

Donnant le ton général, la pièce s’ouvre sur l’enfant d’une mère féministe, brimée dans sa féminité. Peinée de ne jamais avoir pu être majorette, la jeune femme se confrontera à l’armée canadienne. Joué uniquement dans la rage, ce monologue pourtant écrit dans une langue fort intéressante perd la nuance dont l’auteure fait preuve pour n’offrir qu’une charge rébarbative.

Le deuxième tableau poursuit dans la même veine, alors que trois femmes, l’érotique, la femme d’intérieur et la jeune fille moderne, se retrouvent face à un rat durant une séance de brossage de parquet. L’anecdote nous apprendra qu’elles ont également peur de l’accouchement, un gag qui rejoindra une grande partie de l’assistance féminine. Les trois filles grimperont enfin sur un bloc, terrifiées par l’animal (ou par leur impuissance?) et concluront le tableau en hurlant. Encore une fois, la colère empêche souvent les nuances, l’ironie demeurant trop floue pour qu’on en comprenne réellement la portée comique ou catastrophique.

Suivront les questionnements d’une femme-objet incapable de prononcer le "je" et la chute d’une jeune top-modèle en terre israélo-palestinienne. Encore une fois, la mise en scène misant sur des jeux de chœur et sur l’iconographie clichée du féminisme peine à transmettre sinon un cynisme, du moins une moquerie. Ces filles de guerres lasses brandissent donc les armes. L’ennui, c’est qu’on ne saisit pas vers quoi elles dirigent le canon. Avec entre autres Bénédicte Décary, Marie-Ève Desroches et Ève Duranceau.

Jusqu’au 29 octobre
À la Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui
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